"Candice s'interroge. "Le pouvoir n'est jamais quelque chose qu'on envisage quand on est seule. C'est toujours du pouvoir qu'on a sur quelqu'un"
***
Fuckin' hello les aminches.
Les transports communs sont un microcosme en soit. C'est open bar pour les sociologues en herbe. Je prends quotidiennement le tramway et j'ai parfois la sensation de me tenir dans un bar PMU, bondé et en mouvement.
Les aphorismes fleurissent. Plus ils sont généralistes, plus ils sont prononcés fort, d'une voix sentencieuse. Ainsi, l'autre jour, un cravaté serinait à un tailleur sombre lui faisant face, que la France était sclérosée par une culture de la grève. Historiquement, les pays anglo-saxon (éden fantasmé de l'interlocuteur, je l'aurais parié) n'avait jamais connu la lèpre gauchisto-syndicaliste.
Le mec occultait sciemment l'Angleterre pré-Thatcher. Il n'a pas connu le Londres des années 70 finissantes.
L’Hiver du mécontentement, c’est ainsi que le journal le Sun qualifia l’hiver 1978-1979, où des grèves monstrueuses paralysèrent des mois durant la Grande-Bretagne.
Voici venir l’hiver de notre mécontentement, ce sont aussi les premiers mots que prononce Richard III dans la pièce de Shakespeare. Ce personnage, la jeune Candice va le jouer dans une mise en scène exclusivement féminine.
Entre deux tournées à vélo pour livrer des courriers dans un Londres en proie au désordre, elle cherchera à comprendre qui est Richard III et le sens de sa conquête du pouvoir.
Au théâtre Warehouse, lors d’une répétition, elle croisera une Margareth Thatcher encore méconnue venue prendre un cours de diction et déjà bien décidée à se hisser à la tête du pays.
Elle fera aussi la rencontre de Jones, jeune musicien brutalement licencié et peu armé face aux changements qui s’annoncent.
Quelle époque. La grève générale. Le grand soir. Un petit air de front populaire sur fond de mort du punk et avènement du disco, du new-age dépressif.
On peine à s’imaginer un Royaume Uni paralysé, frondeur, quasi révolutionnaire avec nos yeux de maintenant où Londres rime surtout avec Brexit, City décomplexée et mariage princier. Là est d'abord le talent de Reverdy : faire (re)vivre ces temps là, où Candice, l'héroïne, slaloment entre les monticules d'ordures non ramassées.
Il sait aussi incarner sa protagoniste, avec toute l'effronterie de la post adolescente, cette omniscience arrogante de la jeunesse qui édicte, oukase, affirme sans nuance mais avec verve.
Le bouquin de Reverdy s'appuie non pas réellement sur une histoire bien ordonnée mais sur des pastilles temporelles, réflexives. Le personnage de Jones est un brin raté en revanche, plus anecdotique.
Par contre, le portrait de Maggie... Qui siffle la fin de partie, qui annonce "fini de rire", qui promet du sang et des larmes en temps de paix ; sans préciser que ceux qui donneront le leur et sangloteront seront invariablement les mêmes : les éternel(le)s perdant(e)s.
Les chapitres défilent, chacun débutant par un titre punk rageur, portés par une plume roborative et subtile dans un même jet d'encre.
Cet HIVER DU MÉCONTENTEMENT ne provoque certainement pas le notre.
Les transports communs sont un microcosme en soit. C'est open bar pour les sociologues en herbe. Je prends quotidiennement le tramway et j'ai parfois la sensation de me tenir dans un bar PMU, bondé et en mouvement.
Les aphorismes fleurissent. Plus ils sont généralistes, plus ils sont prononcés fort, d'une voix sentencieuse. Ainsi, l'autre jour, un cravaté serinait à un tailleur sombre lui faisant face, que la France était sclérosée par une culture de la grève. Historiquement, les pays anglo-saxon (éden fantasmé de l'interlocuteur, je l'aurais parié) n'avait jamais connu la lèpre gauchisto-syndicaliste.
Le mec occultait sciemment l'Angleterre pré-Thatcher. Il n'a pas connu le Londres des années 70 finissantes.
L’Hiver du mécontentement, c’est ainsi que le journal le Sun qualifia l’hiver 1978-1979, où des grèves monstrueuses paralysèrent des mois durant la Grande-Bretagne.
Voici venir l’hiver de notre mécontentement, ce sont aussi les premiers mots que prononce Richard III dans la pièce de Shakespeare. Ce personnage, la jeune Candice va le jouer dans une mise en scène exclusivement féminine.
Entre deux tournées à vélo pour livrer des courriers dans un Londres en proie au désordre, elle cherchera à comprendre qui est Richard III et le sens de sa conquête du pouvoir.
Au théâtre Warehouse, lors d’une répétition, elle croisera une Margareth Thatcher encore méconnue venue prendre un cours de diction et déjà bien décidée à se hisser à la tête du pays.
Elle fera aussi la rencontre de Jones, jeune musicien brutalement licencié et peu armé face aux changements qui s’annoncent.
Quelle époque. La grève générale. Le grand soir. Un petit air de front populaire sur fond de mort du punk et avènement du disco, du new-age dépressif.
On peine à s’imaginer un Royaume Uni paralysé, frondeur, quasi révolutionnaire avec nos yeux de maintenant où Londres rime surtout avec Brexit, City décomplexée et mariage princier. Là est d'abord le talent de Reverdy : faire (re)vivre ces temps là, où Candice, l'héroïne, slaloment entre les monticules d'ordures non ramassées.
Il sait aussi incarner sa protagoniste, avec toute l'effronterie de la post adolescente, cette omniscience arrogante de la jeunesse qui édicte, oukase, affirme sans nuance mais avec verve.
Le bouquin de Reverdy s'appuie non pas réellement sur une histoire bien ordonnée mais sur des pastilles temporelles, réflexives. Le personnage de Jones est un brin raté en revanche, plus anecdotique.
Par contre, le portrait de Maggie... Qui siffle la fin de partie, qui annonce "fini de rire", qui promet du sang et des larmes en temps de paix ; sans préciser que ceux qui donneront le leur et sangloteront seront invariablement les mêmes : les éternel(le)s perdant(e)s.
Les chapitres défilent, chacun débutant par un titre punk rageur, portés par une plume roborative et subtile dans un même jet d'encre.
Cet HIVER DU MÉCONTENTEMENT ne provoque certainement pas le notre.
Oui, et la subtilité est la délicatesse de la pensée.
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