samedi 27 octobre 2018


"J'ignorais que la solitude pouvait prendre des formes aussi diverses. Pourtant, à mesure que se prolonge mon séjour, j'apprends à distinguer la solitude impatiente d'un vendredi soir sans visiteurs, la solitude désolante d'un dimanche, quand la neige nous retient à l'intérieur, et celle aride et morne d'un lundi matin dans le Bureau désert. Chacune de ces solitudes possède sa propre saveur douce-amère."

***

Hello les aminches.

Critique n'est pas un métier facile. Soit on s'efforce d'adopter une position neutre, inatteignable à mon sens, en conservant un ton mesuré, on vise à une objectivité illusoire. Soit on envoie chier toute impartialité et on reste sincère. 

A mon modeste niveau, c'est la posture qui est la mienne. 

Il s'agit pour nous, lecteurs, de trouver la subjectivité qui nous sied le mieux. 

Par exemple, je ne suis guère adepte de nouvelles, mais, dans le cadre de l'opération Mass Critique de Babelio, j'ai eu la chance de pouvoir chroniquer le recueil suivant : 

Dans les huit nouvelles réunies ici, mathématiciens et chercheurs tentent de trouver un équilibre satisfaisant entre les élans du cœur et la pensée rationnelle, dans l'espoir de créer des liens humains aussi solides que les équations et les grandes théories qui structurent leur existence. 

Ainsi, un universitaire frustré tente de retranscrire sous forme de diagramme la relation compliquée qu'il entretient avec sa petite amie pour l’analyser.


Un phrénologiste du XIXe siècle se voit forcé de réévaluer le rapport entre connaissance et passion lorsqu'une arnaqueuse dont il est tombé amoureux le bat à son propre jeu. 

Une femme vit dans l'ombre écrasante de son mari et observe, entre effroi et incrédulité, les expériences controversées qu'il mène sur des sujets humains. 

Et un vieux professeur rêvasse inlassablement à ses deux obsessions : une belle condisciple rencontrée dans sa jeunesse, et le théorème qui a rendu cette femme célèbre.

Le livre de Karl Iagnemma rencontre déjà l'obstacle de ma prévention, toute personnelle envers le genre novelliste, pour que j'en livre une critique enthousiaste. 

Mais justement... N'est-ce-pas là une occasion de souligner l'excellence d'un ouvrage qui arrive à renverser un préjugé (stupide j'en conviens, là est la puissance du préjugé). N'ai-je pas adoré, dernièrement, les nouvelles de Ken Liu réunies dans LA MÉNAGERIE DE PAPIER...

En narrant cette anecdote, un deuxième écueil se dresse : je vais comparer. Injustement, Liu a écrit des nouvelles SF alors que Iagnemma se consacre à l'étude de mœurs psychologique, mais je compare. 

Enfin, pour en venir au livre de Karl Iagnemma proprement dit, j'ai toujours eu du mal avec les auteurs "démiurges". Ceux qui toisent leurs personnages, surplombant avec la précision d'un entomologiste méticuleux, les aventures de leurs avatars de papier. Karl Iagnemma a la plume précise, chirurgicale, scientifique si l'on se réfère à cette caricature convenue du scientifique à l'empathie d'un bulot mort. 

Ce n'est pas ma tasse d'eau chaude, tout simplement...

Certes, c'est bien écrit DE LA NATURE DES INTERACTIONS AMOUREUSES. Ce livre possède la beauté froide du meuble design. On lit sans réel déplaisir les huit récits qui composent ce bouquin mais sans réelle passion, on ne s'investit pas. 

On tremble rarement pour une boîte de Petri.

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire