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Printemps 1978 : les services français sont en alerte rouge face à la vague de terrorisme qui déferle sur l’Europe.
Marco Paolini et Jacquie Lienard, deux inspecteurs fraîchement sortis de l’école de police et que tout oppose, se retrouvent chargés de mettre la main sur un trafiquant d’armes formé par les Cubains et les Libyens et répondant au surnom de Geronimo.
Traumatisé par la mort d’un collègue en mai 1968, le brigadier Jean-Louis Gourvennec participe à la traque en infiltrant un groupe gauchiste proche d’Action directe.
Après des années d’exil en Afrique, le mercenaire Robert Vauthier revient en France pour régner sur la nuit parisienne avec l’appui des frères Zemour. Lui aussi croisera le chemin de Geronimo.
Quatre destins qui vont traverser les années de plomb, les coups fourrés politiques et les secousses de la Françafrique.
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Le plus important dans le titre du dernier Benjamin
Dierstein c’est le S qui conclut chaque couleur. La marque du pluriel scande et
affirme. Ce ne sont pas les couleurs du drapeau qui sont ici en cause mais bien
de la couleur politique des protagonistes dont on cause.
Toute une époque. La fin du septennat de Giscard. Ce qui
frappe d’emblée, c’est que Dierstein envoie un frontal magistral à ceux qui
chouinent « c’était mieux avant ». Nope. La même tambouille. La semblable
gangrène. L’identique corruption. L’avilissement toujours renouvelé, le voilà
le véritable mouvement perpétuel.
La fin du giscardisme, c’est open bar. Les écoutes
frénétiques, de safaris en petits arrangements, la compromission et le mépris érigés
en ligne politique. Mitterrand en retiendra bien les gammes. Et nous pouvons
nous interroger sur une supposée sauvagerie suivant une courbe exponentielle. La
violence de cette époque est saisissante. L’extrême gauche plastique, l’extrême
droite bastonne et tout le monde s’enchevêtre dans une vaste orgie où certains
finissent par se confondre.
Benjamin Dierstein doit beaucoup à James Ellroy. Le mad dog
fut son chemin de Damas littéraire. Je peux le comprendre. Et cela se ressent à
la lecture de ce pavé saisissant. Dierstein adopte le tempo Ellroyen, sa
choralité et les points de vue changeants.
Cela demande une ténacité, ce livre. Le lectorat de Freida McFadden
y risque l’AVC... Pour nous autres, une fois coulés dans le rythme, la mélopée
des dialogues vifs (un dialoguiste hors-pair ce Benjamin), une fois happés par
la construction diabolique de ces intrigues parallèles fusionnant avec la
principale, c’est le kif absolu, un shoot d’héroïne pure sans les effets
indésirables.
Enfin et surtout, Benjamin, s’il revendique une influence
assumée, écrit un Dierstein. Entremêlant les faits avérés et ceux qui auraient
pu être, les personnages réels et ceux de papier (qui semblent plus réels
parfois), il délivre un roman épique et terriblement français.
Mais qui est Geronimo putain ?
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