Amaia Salazar est
une boule sourde de nerfs maitrisés et transpire l’arrogance de celles et ceux
qui savent qu’ils ont presque toujours raison, ça passe moins pour les celles
que pour les ceux.
Cette jeune
femme intègre une équipe de choc du FBI : froisser les égos, naviguer en
tant que femme dans un milieu masculin, gagner un respect inévitable, etc. Dolores
Redondo réussit à renouveler avec brio ces passages obligés, y apportant une
humanité tendre via des personnages attachants, se promenant un trauma plus
grand qu’un parking de centre commercial.
La face nord du cœur fait songer à Thomas Harris période
Silence des agneaux et repose sur un solide travail documentaire des procédures
policières du FBI, de la victimologie et du profilage. Comme Harris, Dolores
Redondo nous entraîne, enchaîne, à un jeu de piste démentiel. Il faut dire que
le plateau de jeu est dantesque. La Nouvelle Orléans pendant Katrina.
Dolores Redondo vit une bonne partie à La Nouvelle Orléans,
cela se sent, elle capte le désarroi, le scandale, la dévastation... La Nouvelle
Orléans est plus qu’une scène de crime, c’est quasiment un personnage et l’autrice
a le talent d’entrelacer la tragédie de ce qui s’est passé dans son enquête
sans que cela ne ressemble à une recension d’épisodes poignants pour poser une
atmosphère.
En matière d’atmosphère, Dolores Redondo s’y connaît. Dans
sa fameuse trilogie du Baztan, elle posait une vallée brumeuse, emplie de
mythes et de magie. C’est un peu cela aussi La face nord du cœur, un mélange
audacieux d’une investigation cartésienne et un mysticisme mâtiné de vaudou et
de baron samedi sans que le surgissement du fantastique n’accouche d’une
solution simpliste.
La face nord du cœur est avant tout une exploration du Mal, cette
obscurité qui se niche dans les méandres des cerveaux, qui fait avancer
certains hommes, qui les mue et que l’on peine à comprendre mais on doit s’y
efforcer, on le doit.
Ce thriller, haletant, qu’on lit comme en apnée, appelle clairement une suite tant un pan de l’histoire est laissé dans l’ombre (qui est la seule au tableau) et je suis d’ores et déjà paré, marque-page dans le holster.
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