Traduction : Emmanuelle Heurtebize
« Jeremiah avait compris depuis longtemps qu’un livre pouvait être une arme et, fidèle à lui-même, il s’était constitué un arsenal. »
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Taggard, Arkansas. Chômage et récession frappent durement cette petite ville des monts Ozarks. C’est là que vit Jeremiah Fitzjurls, un vétéran du Vietnam, en compagnie de sa petite-fille, Joanna, qu’il élève seul au milieu de sa casse automobile.
Pour protéger celle-ci d’un monde extérieur de plus en plus hostile, Jeremiah lui a transmis tout son savoir, en particulier sur le maniement des armes et l’autodéfense.
Mais aucune ressource n’est suffisante quand les Ledford, une famille de suprémacistes blancs de la région, dealers de meth, décident de s’en prendre à la jeune fille.
Jeremiah comprend alors que plus rien n’arrêtera la violence, sinon peut-être la violence.
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J’hésite un peu avant d’entamer ce post. Car, une fois
reposé Chien des Ozarks chez Sonatine, me vient aux synapses l’affiche
du film L’arme fatale 3.
Deux propos maintenant. Joe Pesci est un immense acteur, qui met en lumière ses partenaires et finit par l’accaparer. Et David Joy a lui aussi du se hisser au-dessus de l’épaule de Ron Rash.
Il n’empêche, Eli Cranor n’apporte rien de nouveau, son livre est dans la droite lignée de cette littérature noire sudiste néorurale, aussi sombre qu’un dé à coudre de goudron dans une tasse de pétrole non raffiné.
Cette montée en sauce d’une tragédie, son défilé de gueules cassées, de QI sous la ligne de flottaison, et son explosion de brutalité armée ne sont pas inédites mais témoignent d’une poigne ferme, le stylo comme volant pour éviter la sortie de route. Et cette sauvagerie qui sourd, qui coure le long des lignes, n’est que la conséquence d’un amour pur, inconditionnel rencontrant une perversité nourrie à la misère et la drogue qui se gobe comme une friandise.
Il le fait bien l’animal.
Son écriture ciselée et son attention aux personnages font de ces Chiens des Ozarks, plus qu’un polar solide qui file comme une flèche sortie du carquois, une promesse. Il en a sous le pied Eli Cranor. Sa maitrise et son utilisation de la violence, sèche et inéluctable, annoncent de prochaines pépites.
Et finalement, L’arme fatale 3... On s’en souvient surtout grâce à Joe Pesci non ?
Lisez Chiens des Ozarks, c’est foutrement bien !
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