mercredi 4 octobre 2017



"Je n'ai jamais souhaité tuer. J'ai eu une fois le désir d'être un mari et un père soutien de famille, pas un tueur. Oh, et puis il faut savoir s'adapter aux changements, comme on dit."

***

Bien le bonjour les aminches. 

Une bonne idée. 

C'est ce qu'ont eut les responsables de la maison Liana Levi Piccolo de fêter le numéro 100 de  leur collection Piccolo avec la réédition de ce chouette roman noir et loufoque paru en 2008 : 


Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l'unique usine, délocalisée au Mexique. Jake Skowran a non seulement perdu son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie, partie vers des cieux plus cléments... 

Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n'importe quel "petit boulot", y compris celui que Ken Gardocki, bookmaker mafieux, lui propose: tuer sa femme. 

Avec sérieux et application, il s'attelle à son nouveau travail...




Iain Levison (dont j'ai déjà pu apprécié la plume) a choisi son camp. Celui des loosers. Des laissés pour compte, ceusses qui tendent le pouce mais pour qui personne ne s'arrête. 

Bien plus qu'un polar, UN PETIT BOULOT est une chronique amorale et analytique des maux de l'Amérique. 

Réjouissant et déprimant, vivifiant et cynique, révolté et résigné, UN PETIT BOULOT marie avec maestria les oxymores. Porté par une plume narquoise, accessible et désabusée, UN PETIT BOULOT se boulotte promptement et l'on comprend que ce livre ait apporté une certaine notoriété à son auteur (surtout de ce côté de l'Atlantique). 

Dénonçant inlassablement les ravages du capitalisme financier, UN PETIT BOULOT porte haut les valeurs travail et démontre avec vigueur que ce n'est pas seulement un revenu que l'on perd mais aussi l'estime de soi.

"C'est ça qui manque quand on n'a pas de travail. L'argent, bien sûr, mais aussi l'idée qu'on vaut quelque chose aux yeux de quelqu'un."

L'on peut regretter, finalement, cette vision "utilitariste" de la femme et l'homme dans la société, son positionnement digne parce qu'il a un putain de job. 

il sait de quoi il parle Iain, il a enchaîné différents petits boulots, de conducteurs de camions à peintre en bâtiments, de déménageur à pêcheur en Alaska... 

Il constate de visu, la dérive folle d'un rendement à court terme, on veut se faire de la fraîche 'tin ! Je veux du flouze ! Je m'exile au Portugal parce que j'ai déjà beaucoup d'argent mais j'en veux plus ok ! JE.VEUX.DU.FRIC !

Ahem...

Ce n'est pas tant Jake, le narrateur qui se fêle que le monde qui l'entoure.

"Je suis un sacré fêlé ? Regarde autour de toi, Ken, un monde sans règles. Il y a des gens dont le boulot consiste à faire passer des tests anti-drogue à des employés de magasin. Des gens qui veillent à ce que d’autres n’apportent pas d’arme au boulot. Des gens dans des immeubles de bureaux qui essaient en ce moment même de calculer si licencier sept cents personnes leur fera économiser de l’argent. Quelqu’un est en train de promettre la fortune à d’autres s’ils achètent une cassette vidéo qui explique comment améliorer leur existence. L’économie c’est la souffrance, les mensonges, la peur et la bêtise."

La colère est mauvaise conseillère paraît-il, la tempérance ressemble fortement à l'alliée objective du système. 

La colère peut, à l'occasion, accoucher de sacrés bouquins.

1 commentaires :

  1. Je sais que j'ai dû voir le film après avoir lu le livre... Mais je ne me rappelle pas quel rôle y jouait Michel Blanc!
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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