lundi 11 février 2019


"Si un meurtre est bien sûr une tragédie, c'est d'abord un formidable sujet de conversation. Dresser un tableau 100% négatif des assassins, c'est faire preuve d'un esprit étroit. Le tueur crée du lien social. Il alimente les débats, nourrit les échanges, fait vivre la cité. Il faudrait chiffrer ça en détail, mais je mettrais mon majeur à couper que le ratio avantages / inconvénients plaide en faveur du crime."


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Bien le bonjour les aminches.

Au début de ce post, je me remémore une critique cinématographique que j'ai lue naguère dans un hebdo culturel de référence dont je tairais le nom (sachez toutefois que le titre en question commence par télé et finit par ama, si cela peut vous mettre sur la piste...).

La critique portait sur THE BLUES BROTHERS , le chef-d'oeuvre de John Landis. Elle était dithyrambique, ne manquait pas de souligner l'époustouflante énergie du long métrage, son brio et l'incandescence de sa BO. Et... Au moment de noter le film, Culte était-il précisé, Télégnagna lui accordait un petit 11/20, un passable, un "j'aime un peu". 

Heu, sont entartrés du bulbe ou bien ? 

Nope...

C'est que faire rire ce n'est pas très bien vu. Il vaut mieux faire braire, c'est plus noble. Mieux vaut être Lars Von Triers et BREAKING THE WAVES que John Landis. 

C'est comme ça, la tragédie l'emporte toujours sur le comique.



"Margoujols, petit village reculé de Lozère, abrite les rescapés d'un cirque itinérant qui proposait un freak show : femme à barbe, soeurs siamoises, homme-éléphant, lilliputien, colosse... Mais la découverte du cadavre atrocement mutilé de Joseph Zimm, dit « l'homme-homard », va bouleverser la vie presque tranquille de ses habitants.

Qui a tué cet ancien membre du cirque des monstres, et pourquoi ?

Qui se cache derrière le mystérieux auteur du blog Je vois la vie en monstre ?

Quels secrets, enfouis dans les hauteurs du Gévaudan, l'enquête de l'adjudant Pascalini va-t-elle révéler ?

Et que cherche vraiment Julie, la fille du maire, passionnée de romans policiers, qui épaule la gendarmerie dans son enquête ?"

J(ean) M(arcel) Erre est de retour. Au meilleur de sa forme. Après un léger coup de mou sur ces derniers livres, il retrouve ici la verve et la satire qui ont fait le sel de SÉRIE Z et du MYSTÈRE SHERLOCK

Il développe à nouveau un panel de protagonistes grotesques, superbement ridicules et leur met en bouche des répliques d'anthologie. Il fait preuve, encore, d'une finesse psychologique qui se devine et s'affirme sous les vannes et descriptions hilarantes. 

Sous couvert d'une intrigue policière (solide et haletante), entre deux fous rires, on est parfois saisi. Saisi par la description brutale et sans complaisance, de la narratrice et de sa singularité, je n'en dirais pas plus. Happé par la mise en abîme et par sa réflexion acérée sur un genre littéraire, le polar. 

Oubliez Houellebecq, sa plume neurasthénique et sa posture usurpée de prophète d'un monde qui chute. Le vrai délice de cette rentrée est entre les pages de ces pages emplies de freaks, de ruraux déliquescents, de gendarmes dépassés, de fillettes sociopathes...

Un excellent, un grand moment. 

Mais bon...

On y rit...

Pour les honneurs, il repassera JM Erre. 

Je soupçonne qu'il s'en carre le moignon à grands coups de pelles, cela dit...

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