"Béni soit le fruit"
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Ce post est enrichi aux spoilers...
L'année 2017 fur singulièrement riche concernant les séries. On en a vu finir une en apothéose avec le final déchirant et magnifique de THE LEFTOVERS.
Une petite parenthèse : je ne suis guère adepte des pinces fesses autocongrulatoires où l'on se félicite entre soi et on se distribue des bons points en forme de statuettes dorées moches. Genre Oscars, Césars... Les Emmy Awards ne font pas exceptions. Que ces milieux autorisés qui s'autorisent à distinguer les séries potentiellement nommées, ne nominent pas la saison 3 de THE LEFTOVERS... Cela me laisse pantois et me fait dire : c'est définitivement de la merde, ces cérémonies.
Donc THE LEFTOVERS qui se termine et THE HANDMAID'S TALE qui débute. La claque cosmique ! Oui mais voilà, contrairement à THE LEFTOVERS qui montait en puissance après une première saison maîtrisée mais non magistrale, THE HDMT plaçait la barre à une telle hauteur, que les perches se doivent d'être télescopiques et en adamantium pour ne pas rompre en essayant d'approcher la barre.
Alors ? Passe deux ou malédiction récurrente de la saison 2 ?
Plusieurs personnes, qui ont lu le livre et vu l'adaptation, ont souligné que la série était meilleure que le bouquin. J'ai adoré le livre de Margaret Atwood et j'ai été littéralement happé par la série. Je n'étais pas loin de penser pareil mais j'avais du mal à m'y résoudre : je craignais que l'on sous-estime l'oeuvre de Margaret Atwood.
Cette saison 2 donne en partie raison à mes scrupules. Car si THE HDMT sur sa saison 2 n'est déjà plus le chef d'oeuvre qu'elle a été, c'est en grande partie à cause de son écriture aléatoire. En effet, la saison de THE HDMT s'acheva exactement comme le livre. La saison 2 est donc hors du périmètre littéraire de Atwood, totalement affranchie de sa créatrice. Ce n'est guère probant...
THE HDMT tourne en rond. Un pas en avant, un autre en arrière et l'on ne bouge pas. Les personnages se retrouvent donc coincés dans leur rôle. Elizabeth Moss la première, toujours frémissante et impeccable en servante écarlate insoumise mais dont les gros plans larmoyants se multiplient. Plein cadres qui confinent à la recette, la grosse ficelle. A chaque tragédies (et elle saute de drames en drames notre Defred), hop un zoom avant sur les paupières embuées de June, c'est quasi systématique. Et un brin lassant.
Peu de nouveautés à se mettre devant les rétines. La découverte hallucinée de cet univers dystopique qui faisait l'une des forces de la saison 1, patine un peu ici. Comme si les showruuners, orphelins de Margaret Atwood, ne pouvaient plus inventer. Certes, Les Colonies sont quelque peu effleurées, prometteur... Avant qu'on ne retrouve, finalement, le salon victorien des Waterford. Et les semblables ressorts un poil réchauffés de la trame dantesque de la saison 1.
Cela n'est pas le plus gênant, cependant. THE HDMT est une oeuvre intense et sombre. Dure. Qui embrasse, presque malgré elle, un féminisme militant suite à Weinstein, au climax poisseux, putride qui imprègne notre époque. THE HDMT est plus qu'une série, c'est un pamphlet, un brûlot. Ce qu'elle n'a jamais revendiqué, attention. Néanmoins, THE HDMT, par la puissance de sa saison 1, a su résonner comme peu de séries l'ont fait avant elle.
Se trouve-t-elle piégée par ce statut ?
De fait, les scènes incroyablement dures, presque insoutenables sont à nouveau présentes dans ce deuxième opus, mais, contrairement au premier, leur logique scénaristique est problématique. En outre, Defred représente un peu le syndrome Stark de GOT poussé à son extrême absolu : elle morfle. Du début à la presque fin. On y frôlerait le ridicule.
Et que dire de Séréna Joy ?
Interprétée avec une justesse admirable par Yvonne Strahovski (venue de CHUCK !), ce rôle prend une ampleur bienvenue et vole presque la vedette. La grande affaire de cette saison 2, c'est elle.
Mais que l'on m'explique sa trajectoire ! Qui ferait passer la pensée de Donald Trump pour un modèle de rigueur intellectuelle.
Bon ok... J’exagère.
Tout de même... Ces revirements incessants... Cette prise de conscience suite au voyage au Canada suivie de la saloperie orchestrée avec son mari : le viol de Defred pour précipiter son accouchement ! On en revient à ces scènes qui tombent de nulle part, qui semblent clignoter comme des rappels : "regardez ! Nous n'avons pas changé ! Vous visionnez toujours LA série revendicatrice !"
Séréna Joy oscille ainsi de presque sympa, de "mon dieu qu'ai-je fait ?" à psychopathe insensible qui doit tenir son rang. C'est dommage. Ce personnage et cette actrice méritaient mieux que cette valse hésitation qui se danse en surplace.
Maintenant...
Je suis trop sévère ? Peut-être...
THE HDMT partait de tellement haut, qu'elle peut bien se prendre une chute de plusieurs étages, elle reste à des hauteurs plus que respectables. Si certaines scènes sont, disons, limites, d'autres sont d'une grande beauté, poignantes. La scène d’accouchement devant la cheminée est saisissante.
THE HDMT reste une série de premier plan. Simplement, elle n'est plus la seule à l'occuper. Et ce n'est pas si grave. De plus, la déperdition qualitative, vu la perfection de sa saison 1, était probablement inévitable...
J'ai juste un souhait. Que THE HDMT ne s'enferre dans une durée trop longue, ne multiplie pas les saisons ad nauseam, sache conclure rapidement.
Qu'elle ne paie pas le prix de son succès.
Ni de son aura.
>>> Je suis trop sévère ?
RépondreSupprimerOuaip. Je confirme.
Mébon, tu te rattrapes à la fin alors ça va, j'dirais rien.
Sauf que sinon, ça faisait un p'tit moment que je n'étais pas passé dans le coin et que tu es toujours aussi agréable à lire, amidemoi (h)
Hello potovelu...Ah je reconnais ta proverbiale bienveillance (quelques mesquins jugent qu'elle s'arrête quand tu fais rouler un dé10 dans la paume de tes mains, médisants jaloux!) mais je maintiens que THE HDMT a subi une chute qualitative, elle a forcé son talent en quelque sorte mais bon... L'est quand même à des années lumières d'un Lethal Weapon par exemple (attaque totalement gratuite, j'en ai presque honte, presque)
SupprimerPfeuuuuuu…
RépondreSupprimerLethal Weapon, c'était bien, tu peux pas test, t'as jamais regardé.
The HDMT ne tourne pas un rond, c'est une spirale. On revient sur des cycles connus mais avec une plus grand amplitude, et toujours plus loin. Serena et Tante Lydia vont au delà de ce que à quoi je m'attendais, les Colonies sont plus qu'effleurées, l'attentat est bluffant, la mise à mort des Romeo et Eden m'a touché alors que je n'avais aucune empathie pour la jeune martha, l'accouchement je m'y serai cru, la cruauté des viols subis par June qui n'arrivent plus à se cacher derrière leur vernis de foi religieuse, le réseau des Marthas... Sans parler de la justesse du jeu des acteurs, de la photo de la série, de son environnement graphique et sonore qui restent d'une incroyable densité.
Ouaip, c'est une boucle, mais en pire. Alors, oui, je suis d'accord avec toi, au bout d'un moment, c'est too much, t'as envie de voir un peu d'espoir, que l'héroïne arrête deux minutes de s'en prendre plein la face et trouve un moyen de moyenner, que la chance tourne un peu en sa faveur... Bah non, ça s'ra pour la troisième saison. J'espère.
Parce qu'évidemment, il va falloir conclure, là, et par une belle évasion. Avec un gros fuck à Gilead au passage. Faute de quoi, effectivement, ça deviendra plus que lassant que de la voir se faire martyrisant sans pouvoir réagir durablement…
Enfin, bon, moi, j'reste fan, quoi :p
Mais je m'insurge Monsieur, j'ai dû voir une bonne huitaine d'épisodes de the lethal weapon. Un duo d'acteurs qui fonctionne (alors qu'ils ne pouvaient pas se blairer, la magie de la pellicule) mais des enquêtes pauvrettes. Pourquoi faut-il toujours sacrifier les enquêtes dans ce genre de séries ?
SupprimerMais bon... Ça ne casse pas grand chose, à personne
Pour THE HDMT, je reste fan moi aussi, mais plus circonspect, surtout en ayant appris que le showrunner se voyait continuer des années, l'est con ou bien ? Tu l'as très bien dit toi même, ce n'est pas possible, ou alors on va se retrouver avec des biches en CGI honteuse, Walking Dead sous les sarcasmes pire l'indifférence.
Mais positivons et attendons la saison 3...
Je reviens un moment sur cette scène de viol qui arrive de nulle part, qui n'a pas de logique scénaristique claire, qui vient après une potentielle rédemption (du moins une prise de conscience. Tout cela viendra plus tard après de multiples circonvolutions un brin pénibles) de Séréna après sa visite à Chicago... Je n'ai pas été convaincu... Genre il fallait cocher la case "hé les gars ! Et la scène de viol ? On a oublié la scène de viol!". Mais la force de THE HDMT est de provoquer encore ce genre de débats. Cette saison 2 du moins, la saison 1 avait mis tout le monde d'accord
Chicago ? Canada oui ! (suis fatigué moi...)
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