dimanche 26 janvier 2025


« Le tsar a fait de moi un automate libre, mais je ne serai vraiment libre que le jour où je n'aurai plus besoin d'être remonté. Ah, mon père, vous que les grands de ce monde ont surnommé le de Vinci de Nuremberg, vous avez fait un miracle, mais un miracle d'immense faiblesse. »

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En ce 13 septembre 1824, après la chute de Moscou et le traité de Niji signé avec le tsar Alexandre Ier, protecteur de toutes les Russies, l’empereur Napoléon règne sur l’Europe. 

Un continent à genoux, exsangue, vidé de sa substance par un trop-plein de guerres et d’horreurs, un territoire à feu et à sang que le stupéfiant Melchior Hauser, tout juste libéré de son statut d’esclave, va cependant entreprendre de parcourir. 

Car il lui faut retrouver Viktor Hauser, celui qu’on surnomme le de Vinci de Nuremberg, et lui poser une question. Unique, toute simple, mais qui revêt à ses yeux une importance cruciale : « Père, ai-je une âme ? »

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Il existe des collections littéraires qui sont comme des écrivain.e.s, elles ne vous déçoivent jamais. On peut s’y fier les yeux fermés et les ouvrir, grands, au moment de la lecture.

Quand la conjonction se fait entre un auteur et une collection, le combo est, comme un café croissant en terrasse ensoleillée avec l’être aimé, parfait...

Thomas Day et Une heure-lumière chez Le Belial. L’automate de Nuremberg est le résultat d’une promesse tenue, une heure de lecture intense, à une heure-lumière d’ici ou peu s’en faut. 

Ce livre repose sur le postulat de l’intelligence émotionnelle d’un être conscient, mû par des rouages et engrenages cliquetants et non des mètres d’intestin grêle et autres tripailles internes. La conscience, où commence-t-elle ? Nul doute que Melchior Hauser aurait passé sans faillir le test Voight-Kampff de Blade Runner même si son aspect saccadé, mécanique, ne laisse aucun doute sur son origine ingénierique.

Quand on y réfléchit bien, ce fameux test dans ce fameux film ne nie pas la conscience des Réplicants, juste, ce n’est pas la nôtre. Et tout ce qui n’est pas notre est dangereux par principe. 

Thomas Day dans son merveilleux roman, d’un steampunk dystopique où Napoléon a mis la Russie à genoux et règne sans partage, ne dit pas autre chose. Son automate n’est plus une machine depuis qu’il accéda au doute mais il est toléré, jamais réellement accepté. 

Il y a quelque chose de déchirant de voir cet être unique en quête d’une réponse. La réponse. Thomas Day a l’intuition géniale d’en faire une créature fragile, nécessitant d’être remontée pour continuer son existence, déplorant ses limitations et ses béances. 

Touchant Melchior voulant savoir. 

« Ai-je une âme, Père ? »

Nous en sommes tous là.

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