dimanche 26 janvier 2025

Traduction : Sophie Aslanides et Séverine Weiss

« On est les nouveaux dépravés. On est des tordus prêts pour un enchantement bon marché. »

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Los Angeles, 4 août 1962. La ville est en proie à la canicule, Marilyn Monroe vient de succomber à une overdose dans sa villa, et Gwen Perloff, une actrice de série B, est kidnappée dans d’étranges circonstances. 

Cela suffit à plonger le LAPD dans l’effervescence. 

Le Chef Bill Parker fait appel à une éminence grise d’Hollywood, l’électron libre Freddy Otash, qui va mener une enquête aux multiples ramifications et rebondissements.

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Dois-je faire ce post ? Comment aborder ce retour ? C’est qu’il n’est plus si simple d’aimer Ellroy. Je l’ai tant aimé. Ses grands romans avaient cette évidence qui balayait tout. Les chemises hawaïennes, la prétention presque absurde du personnage, ses outrances. Perfidia et La tempête qui vient possédaient encore ce laser qui permettait de scinder proprement l’œuvre de l’homme comme on dit...

Ses deux derniers romans ne justifient plus ces chevilles shootées à l’hélium. 

Je regrette la fougue de ses romans choraux, le kaléidoscope syncopé de son style. Sur les deux derniers, je murmurais bien à James qu’il n’est peut-être pas si fameux son Freddy O, son doppelgänger, si je ne craignais de me manger une droite. 

Il n’est pas si mal, allez... Mais, il manque d’antagonistes. Il n’y pas grand monde autour de The Big O. Et où sont les femmes ? Dans son dernier grand roman en date, La tempête qui vient, Ellroy avait donné vie à un personnage féminin d’une force inouïe. Ici ? il donne mort plutôt. Ses héroïnes peinent à dépasser le spectral. Le personnage de Gwen est captivant mais bien trop tardif.

Et Marilyn Bien sûr...

Sans surprise, il désosse scrupuleusement le mythe. Il en frise le grotesque. Sa charge en perd de sa force tant le portrait est sans nuance, tout d’un bloc de boue trempé dans l’acide. 

Mais il a du génie cet homme. Des fulgurances. C’est un entre-deux. Comme son intervention à @lagrandelibrairie. Entre « mon pote on n’est pas chez mamie là » et la déclamation fiévreuse d’un poème de Dylan Thomas. 

On entrevoit le grand livre halluciné sur l’enchantement vicié du cinéma. Si Les enchanteurs n’ont rien d’enchantés, ce livre finit dans une déflagration, un chaos maitrisé qui laisse pantois et des regrets. 

Lire Ellroy c’est voir le monde à la lueur d’un néon grésillant, c’est d’une beauté étrange et irritante.

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