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Près de la frontière italienne, en zone blanche, le village de Tordinona est l’isolement incarné.
Voyant la tempête qui se prépare, la patrouille de gendarmerie composée de Marcus et sa cheffe Nadia s’apprête à partir quand le garde-champêtre du village découvre le corps sans vie de la fille du maire.
Dès le lendemain, alors que le seul pont reliant le village à la vallée a été détruit par une avalanche, le maire et une partie des villageois s’en prennent à un homme de passage qu’ils soupçonnent d’être l’assassin.
Attachés à leur devoir, Nadia et Marcus s’opposent à leur haine et à leur désir de se faire justice, dès lors ils se préparent à lutter...
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La légende (tenace) affirme que les Inuits ont 50 mots pour
désigner la neige. Selon qu’elle tombe, qu’elle s’agglutine sous les semelles...
Si l’on tient à une vision romantique des choses mieux vaut ne pas chercher à
débunker le mythe urbain.
Sébastien Vidal lui a plusieurs périphrases pour la faire vivre et tomber dans ses pages, la neige. On est presque tenté, pendant la lecture, de tendre la langue comme quand, gamin insouciant, on voulait laper les flocons. Son polar, justement récompensé par le Prix Landerneau Polar 2024, la fait crisser, lui rend justice et la sacre principal moteur narratif de De neige et de vent.
C’est bien elle, la neige, et ses avatars météorologiques qui provoque l’isolement de ce village montagnard. Village où se trouvent piégés deux gendarmes et un étranger, à l’accent forcément coupable, au moment où l’on découvre le cadavre de la fille, violée et assassinée, du maire de la localité.
Et c’est parti pour un singulier roman, mélange brutal et d’une beauté irrésistible, de western et de nature-writing. Où les éléments déchainés renvoient à la folie des hommes et leurs sentiments grégaires et viciés.
Notre trio se calfeutre dans l’hôtel de ville et se prépare aux assauts répétés de la populace aiguillée par la douleur du potentat éperdu de douleur. Terrain connu où les boucs émissaires passent les frontières, même celles invisibles d’un bourg des cimes.
Sébastien Vidal sublime le huis-clos rédempteur et violent par la grâce d’une plume lyrique et travaillée, sans excès, juste avant la préciosité. Une plume qu’il met au service de personnages qu’il étoffe, dont il travaille la chair, qu’il s’emploie à rendre justes.
L’auteur rend singulièrement vivace la peur et l’abolition du discernement. Les panurges en treillis, fusils sur l’épaule. Cette mentalité d’assiégés dont on finira bien par crever.
Magnifique et imparable.
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