dimanche 26 janvier 2025

Traduction : Christophe Mercier

« Je déteste la violence. Je la détestais à cette époque ; je la déteste aujourd'hui. Je déteste encore plus les gens qui en font l'éloge et prennent plaisir à en parler. »

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Les jaloux : 

A Houston, dans les années 1950, le jeune Aaron Holland Broussard fait un rude apprentissage de la vie, entre trafics de drogue et familles mafieuses, sur fond de romance contrariée. Burke poursuit la saga de la famille Holland au Texas.

Un roman noir social qui expose les fractures de classe de l’Amérique de l’après-guerre. Burke poursuit sa réflexion sur la violence humaine dans un livre encadré par la présence de deux guerres .

Un autre Eden : 

L'Ouest américain des années 1960 donne encore l'impression d'une nature édénique. 

Le romancier Aaron Holland Broussard (de la célèbre famille Holland) fait "la route" à bord de wagons de marchandises, pour trouver l'inspiration. 

Il s'arrête dans la région de Denver où il va faire la connaissance de Joanne McDuffy, une jeune étudiante douée pour la peinture. 

Ils éprouvent une attirance réciproque quasi immédiate...

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C’est quoi un écrivain catholique ? Cette question qui avait peu de chances de me tarauder l’esprit vient irriter mes synapses depuis que je me prends de passion pour Graham Greene dont je découvre l’œuvre en piochant dans les boîtes à livres. Je lis que c’est un grand écrivain catholique.

Il est difficile d’échapper à cette évidence en lisant James Lee Burke et ses récurrences aux champs de blés, vendanges et mangroves de Notre Seigneur. L’âge venant, James Lee a parfois la main lourde sur l’imagerie biblique pastel-humaniste.

Le dyptique Aaron Broussard, Les jaloux suivi de Un autre éden, relève d’une œuvre bercée par une mélancolie judéo-chrétienne, aussi éloignée de la bigoterie que Cyril Hanouna de la décroissance, hantée par la mort et la folie où la culpabilité colle aux semelles, impossible de l’en déloger.

Burke y creuse toujours son sillon, affine ses thèmes de prédilection : la violence des hommes, la folie qui nait souvent au fond d’une bouteille d’alcool et la rédemption (qui vient souvent trop tard). Reposant sur un amour qui bascule d’une évidence à une impossibilité tragique, ces deux romans, s’ils ne comptent pas parmi les meilleurs de sa prodigieuse (et prolifique) bibliographique, peuvent toujours compter sur un style majestueux.

Ample et simple. Écrire simple sans verser dans le simplisme est ce qu’il y a de plus prodigieux en ce moment. En ces temps de rentrée littéraire où caser le plus d’épithètes possibles dans une seule phrase semble être un pari tournant dans les maisons d’éditions hexagonales.

L’écriture de James Lee Burke est d’une beauté douloureuse, magique et sensorielle. Ni sèche ni amphigourique, elle nous donne à lire ce que l’oreille absolue entend.

J’aimerai James Lee Burke jusqu’à ma mort. Et après... on verra bien.

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