dimanche 26 janvier 2025

Traduction : Sophie Bajard

« - L'homicide gay, oui, c'est un classique ? Nenè. Tu devrais prendre ça avec plus de philosophie.
- Je le ferai quand ils appelleront "homicide hétéro" tous les autres, répondit Nigra en remuant sa sauce. »

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Un jeune étudiant en architecture d’une vingtaine d’années, vêtu d’un manteau rose vif, est retrouvé battu à mort au petit matin, non loin du lieu où se tenait une fête en soutien à l’union civile qui doit bientôt consacrer en Italie le mariage homosexuel. 

Sur les lieux, auprès de son équipe de policiers aussi disparate qu’efficace, arrive bientôt sur sa moto Guzzi l’imperturbable sous- préfet de police Paolo Nigra, bel homme à la quarantaine élégante, sorte de Gian Maria Volonte au charisme évident.

Tout semble indiquer un crime homophobe, mais Nigra se méfie des évidences...

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Pas terrible ce titre de post mais révélateur. L’homophobie c’est du rire gras de vestiaire qui se croit grivois. C’est balancer du « enculé » quand ce n’est qu’une pratique sexuelle comme une autre. On ne braille pas « missionné » ou « levretté » pour railler le maillot qui n’est pas le mien, c’est que je l’aime mon maillot à moi d’abruti congénital, gnéééé.

Pardon. Je m’égare.

L’homophobie est présente depuis la nuit des temps et le sera également à la dernière. Ce livre vif de Antonio Paolacci et Paola Ronco ne change rien à l’affaire. Ce n’est pas son ambition, même si ce polar est un livre discrètement militant au sens qu’il aborde les clichés du milieu homosexuel pour les désosser copieusement.

Un jeune homosexuel est assassiné, battu à mort, non loin d’une fête en soutien à l’union civile des homosexuels. Le sous-préfet de police adjoint Paolo Nigra, qui ne craint pas de s’afficher comme gay sans le revendiquer explicitement, même l’enquête. Nuages baroques est de ces polars où l’atmosphère, le contexte et les personnages qui les peuplent sont plus importants que l’intrigue.

Que cette dernière contienne son lot de surprises n’enlève rien au charme de roman noir génois, dynamiteur d’idées reçues.

Son héros Paolo Nigra encaisse sans ciller (ou presque) des remarques sociétales dignes d’un urinoir fêlé, des brevets de normalité brandis par les célèbres « je ne suis pas homophobe mais... Ah ce « mais », toujours placé. En fait le « mais » est un blanco grammatical, il efface tout ce qui le précède.

On ne peut s’empêcher de songer que ce sont souvent ceux qui montent le plus dans les aigus « libertés individuelles, libertés individuelles ! » qui se font volontiers commissaires de chambres à coucher. Ils ne liront pas Nuages baroques. Nous autres, lisons-le parce que c’est un pur polar !

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