Traduction : Emmanuelle et Philippe Aronson
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Mille dollars de l’heure.
Un tarif qui ne se refuse pas quand on est avocat commis d’office obligé de passer ses journées, dimanches compris, à plancher sur les dossiers attristants de petits malfaiteurs sans envergure. Puis à négocier des peines avec un procureur plus puissant que soi mais tellement moins compétent.
Alors Justin Sykes, lassé par ce quotidien déprimant, accepte pour ce tarif de se mettre un soir par semaine au service des filles d’un gentlemen’s club et de passer la nuit dans le motel d’en face.
Sans trop chercher à comprendre.
Parce que, c’est bien connu, les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques.
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Invoquons Iain avec de petites lunettes rondes, un tombé de
cuir impeccable, un Morpheus de papier. A la différence qu’il nous dirait « désolé
mon pote, je n’ai aucune pilule à te donner, je n’ai que la vérité crue ».
Sans ce ton sentencieux de l’autre Morpheus qui donnait à penser que sa colonne
vertébrale se constituait d’un balai courant du rectum à la nuque.
S’il est un invariant récurrent dans l’œuvre protéiforme de Levison, c’est qu’il n’enjolive jamais ce fameux rêve américain qui ne mérite jamais autant ce qualificatif : un rêve. Et toujours avec un ton narquois, goguenard et vif. Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques, en plus de remporter haut la main le titre le plus pêchu de cette RL, perpétue cette verve Levisonienne, toujours appuyée sur un solide travail de documentation.
Pas de ces ouvrages qui donnent à lire des phrases interminables qui ressemblent ainsi aux livres qui les renferment.
C’est presque un thriller judiciaire mais éloigné des cabinets d’avocats avec vue plongeante sur l’avenue en bas. Non là c’est ras du bitume avec l’aide juridictionnelle, un budget en capilotade, genre on récupère les trombones d’un dossier à l’autre. Justin Sykes est avocat commis d’office et se coltine le caniveau.
Cette peinture au vitriol n’empêche en rien une tension maintenue tout au long du roman. Roman qui baigne dans une atmosphère de mystère, éclairée d’une ironie mordante, un brin désabusée et tendre, toujours.
Si le titre est funky, le meilleur est encore à venir, à l’intérieur du bouquin.
Iain Levison, c’est John Grisham qui se serait trouvé un style et une âme.
Ju-bi-la-toi-re en scandant bien les syllabes !
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