dimanche 26 janvier 2025

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thibaud Eliroff

« Le plus étonnant, c’est que j’ai cru dur comme fer à son histoire tant qu’il nous la racontait. Ce n’est que lorsque sa voix s’est tue que j’ai compris que je venais d’être enterré sous le plus gros tas de conneries que quiconque ait jamais pelleté. »

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Au nord de l’État de New York, dans les bois de Woodstock, Dutchman’s Creek coule paisiblement. Une rivière poissonneuse mais quasi inaccessible, et bien plus profonde qu’il n’y paraît…

Ce matin-là, Abe et Dan – deux veufs liés par la solitude et l’amour de la pêche – décident de tenter l’aventure. Surpris par une pluie torrentielle, ils se réfugient au Herman’s Diner, dont le patron va leur raconter l’incroyable histoire de Dutchman’s Creek. « Folklore », pensent-ils.

Pourtant, ils appartiendront bientôt corps et âme à cette légende aussi ancienne que ténébreuse…

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Vous connaissez ce genre de personnes qui divise le monde en deux catégories, genre « il y a ceux qui ont une arme et ceux qui une pelle et toi tu creuses » pour celles et ceux qui ont la ref. C’est un brin plus complexe non ? Je me suis toujours méfié des sentences définitives et c’est pour cela que dans un de ces élans de contradiction qui font mon char... Ma personnalité, je scinderai les livres en deux : ceux dont on se souvient et tous les autres.

Mais parmi ceux qui laissent une trace, la catégorisation est infinie. Il y en a qui vous font oubliez que vous lisez. The fisherman est de ceux-là. The fisherman n’est pas un livre, c’est une histoire, vous la lisez bien entendu mais vous jurerez l’entendre, une voix rocailleuse, dans un murmure autour du feu de camp, une histoire contée par une vieil homme âgé et barbu. Une histoire qui fait peur...

Dans la préface de l’excellent livre de Shaun Hamill, Une cosmologie de monstres, Sa Majesté Stephen King soulignait que pour l’horreur fonctionne, il convient que l’identification avec les personnages joue à plein. Il faut que la lectrice et le lecteur aient quelque chose à perdre. John Lagan l’a compris, ces deux veufs, férus de pêche, il nous les rend immédiatement accessibles, touchants et on se prend à murmurer, comme devant un bon film d’horreur, « fait pas ça mec, ça ne peut que mal finir ».

Pour cela Lagan affute sa plume et porte son récit via un style brut, simple, qui ne veut pas dire simpliste, c’est même tout le contraire. Il impose un tempo parfait avec un sens du narratif redoutable et son enchâssement de récit contemporain et roman western-gothique.

Et surtout il impose ces questions lancinantes : comment faire face à la perte ? Jusqu’où irions-nous pour tuer le chagrin ?

The Fisherman nous rappelle qu’il faut se méfier des histoires.

Génial roman.

26 Jan 2025

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