jeudi 11 avril 2024

« Elle n'eut pour lui pas un regard, pas un mot, sans même parler d'un sourire. L'humanité bien planquée derrière une gueule dont l'équivalent en termes d'accueil se situait entre le fil de fer barbelé et l'ortie. »

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Dans quelques jours, ça fera dix ans qu’Émilien « Milou » Milkovitch a été condamné pour avoir étranglé un jeune couple.

Après lui avoir rendu visite, Victor Caranne, psychologue carcéral à la prison de l’île de Ré, se met à douter sérieusement de sa culpa­bilité. Mais s’il veut l’aider, il va falloir faire vite : le détenu affirme qu’il se suicidera dans une semaine, le jour anniversaire de son incarcération.

Victor et Anaïs, la jeune flic de la PJ de La Rochelle avec laquelle il a tissé de solides liens, vont se jeter à corps perdu dans un contre-la-montre à haut risque.

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Mars 2020. Le premier polar de Max Monnehay (mais non son premier livre) sortait et s’ébrouait à son aise. Déjà rien que le titre : Somb. Ça claque, ça permet d’utiliser le Somb/Bombe jusqu’à plus soif voire l’écœurement (je ne fus pas le dernier). Ce premier polar, vif, malin, espiègle et tragique avait une évidence jamais démentie. Le deuxième, Je suis le feu, moins novateur peut-être, se rapprochait plus du thriller addictif, preuve de la maîtrise et de l’aisance de Max.

Le petit dernier est un mix des deux et témoigne de la place qu’occupe désormais Max Monnehay dans le paysage polardeux hexagonal.

Deux points communs (en fait moultes analogies, nous sommes bien d’accord, pour la suite de la démonstration, accordez-moi le point) pulsent dans ces trois tomes. L’île de Ré d’abord pour l’unité de lieu. Et Victor Caranne.

Victor Caranne, psychologue de la prison de l’île de Ré. L’une des plus dures de France et monument historique. La beauté de la pierre, les pensionnaires s’en foutent un peu.

Caranne c’est le ver luisant dans la corbeille de fruit. L’atout maître. Une sorte de Harry Hole évolutif, alors que le flic de Nesbo est coincé dans sa boucle de poivrot traquant une goutte d’alcool sur du carrelage crade. Caranne a sa part de démons également, ses failles gigantesques mais lui grandit.

Le voir croqué par Max, le plaid sur les genoux à lamper une soupe devant la télé lézarde le mythe du psy poète maudit, motard et alcoolique.

La force de ce dernier opus est de lui tailler une fin digne des grands lions blessés. Si on ajoute à Victor Caranne une flanquée de personnages touchants, vicieux, si humains de fait. Si on le plonge dans une enquête haletante et intime. Si on lui balance un dénouement dantesque à te retourner le sloub et hisser les poils... On se dit qu’il va méchamment nous manquer Victor Caranne !

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