jeudi 11 avril 2024

Traduction : Bernard Turle

« D’après une histoire plus ou moins vraie. »

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Londres, 1935. Leon Geats travaille à la brigade des Mœurs & Night-clubs de la police de Westminster. Misanthrope et hargneux, il dirige la racaille de Soho – un quartier peuplé de prostituées, de jazzmen et de mafieux – selon un code moral élastique. 

Lorsque le corps d’une femme est retrouvé au-dessus d’un club, les inspecteurs de la Criminelle ont vite fait de classer l’affaire, ignorant qu’il s’agit de la première victime d’une longue série. 

En collaboration avec un collègue de la Brigade Volante et une officière de police, Geats se consacre à la recherche d’un tueur pervers et insaisissable. 

Une enquête qui couvrira plusieurs décennies, traversant le Blitz et l’après-guerre, à la poursuite d’un meurtrier surnommé « le Brigadier ».

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Dans une série télévisée qui n’a rien de révolutionnaire mais sympathique (Tout le monde ment sur France Télévision), Vincent Elbaz campe un ancien flic qui travaille bénévolement dans une librairie comme spécialiste polar. Il a abandonné le classement alphabétique et a une idée toute intime du rangement. Ainsi Simenon et Vargas sont placés à part, dans la catégorie « où les personnages ont plus d’importance que l’intrigue ».

Je me demande où il pourrait bien positionner le Vine Street de Dominic Nolan aux excellentes Éditions Rivages/Noir. 

Ce polar trépidant, se déroulant sur plusieurs décades, de la montée du péril en 1936, en passant par le Blitz, jusqu’aux années 60 pour se terminer au début du 21ème siècle est d’une ambition folle, totalement jugulée. Si les premières pages sont un poil poussives, on se coule rapidement dans le récit pour un plaisir de lecture incroyable. The big Kif !

Totalement immersif. On se tient aux côtés du trio amoureux que forment Geats, Billie et Mark Cassar. À vrai dire, au début du roman, on se dit que la partie du rayonnage Personnages l’emportant sur l’intrigue est toute désignée pour accueillir cette épite tant ces trois-là sont admirablement incarnés.

Puis...

La description hallucinante et précise de l’enfiévrée, magnifiquement sordide, Soho, la traque du meurtrier insaisissable Le Brigadier et ce twist démentiel au ¾ du boquin. Un retournement majeur qui trouve une pleine et entière justification, qui n’existe pas pour l’épate, la manip’ grossière du lectorat. On se dit finalement quelle histoire ! Quelle enquête ! Quelle traque marquée du sceau de l’Histoire celle qui broie et de l’histoire qui réduit la focale mais qui broie tout autant voire plus.

Vine Street fait évidemment pensée à du Ellroy sans chemise hawaïenne, misanthropie galopante et index de personnage ressemblant à l’annuaire de Limoge mais avec la maestria et l’émotion en sus, celle qui donne la sensation d’une balle de tennis voisinant la glotte.

Magistral !

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