lundi 12 février 2024

« Quand un outil décide pour lui-même, c'est qu'il n'en est plus un, n'est-ce pas ? »

***

Quelques années avant les événements du film Mars Express, les détectives Aline et Carlos se lancent dans une enquête qui va les mener des élites financières de Mars aux bas-fonds terrestres.

Une enquête cyber sur Mars

Amis depuis leurs années de formation à l’école militaire, Aline Ruby et Carlos Rivera se voient confier une enquête particulièrement sensible : ils doivent retrouver en un temps record un mystérieux agent disparu quinze ans plus tôt dans les bas-fonds terrestres. 

En cas d’échec, l’esprit et le génie artistique de la jeune Tem Edo-Jendal, fille unique d’une famille richissime de Mars et artiste surmédiatisée, succomberont bientôt à la nuée de nanomachines médicales, agressive au-delà de l’anticipé, conçue pour affronter la maladie génétique qui l’afflige depuis sa naissance. 

Mis sous pression par un multimilliardaire marginal, une cyborg à la puissance phénoménale et une scientifique aussi influente qu’ambiguë, Aline et Carlos mettent bientôt au jour un secret enfoui à la frontière de l’Art humain... et du mensonge.

***

Les adjectifs qualifient, soustraient aussi parfois. Certains ont un air de catégorisation inferieure. Dans les meilleurs livres de l’année, nous avons les meilleurs romans. Puis les Policiers et l’Imaginaire. Ces derniers ne peuvent prétendre concourir avec la littérature blanche. On leur crée donc une catégorie.

L’un des meilleurs films que j’ai vus l’année dernière est Mars Express de Jérémie Perrin. Il se trouve qu’il est d’animation et de SF.

Tour de force visuel, scénario parfaitement huilé, personnages singulièrement habités (mention spéciale à Léa Drucker). Du bel ouvrage qui renvoie à ses illustres devanciers (Blade Runner, encore) sans les copier, ni les piller.

Bénéficiant d’une longue lignée d’œuvre SF Cyberpunk qui nous ont habitués à un univers codifié et référencé, Mars Express nous immerge donc immédiatement dans un paysage connu dans lequel nous nous mouvons aisément. Nous en percevons la cohérence superficielle masquant de plus en plus difficilement les béance-termites qui grignotent la structure.

Prolonger le plaisir de ce film vertigineux est possible. Un roman se situant dans l’univers de Mars Express existe. Situé des années auparavant, expliquant les évènements évoqués dans le film, Mars Express TEM n’est PAS un livre gadget, un produit dérivé exploitant un succès de Box-Office.

On n’est pas dans une giclée marketing de romans Star-Wars débités au quintal.

Reposant sur la plume déliée, métaphysique de Cédric Degottex, Mars Express TEM est une lecture vivace, exigeante et renvoie à ce qu’est la conscience. Nécessite-t-elle un environnement de tripes et de viscères ou peut-elle s’épanouir dans des rouages nappés de silicium ? Question rebattue certes mais dans laquelle se débattent deux avatars incroyables. Aline l’amie trop fidèle et Carlos, le robot sauvegardé du film, ici encore humain, bardé de tripes et de viscères. Personnage d’une saloperie avérée, égaré en ses contradictions insolubles.

Le film (sans popcorn par pitié, à mort les mangeurs et mangeuses de popcorn, à mort !) et le livre. Ou l’inverse.

Qui peut le plus peut le plus.

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire