dimanche 14 janvier 2024

Traduction : Maxime Le Dain

" Tu as du bagout, Christopher, plus que la moyenne, mais tu en dis moins que la plupart." 

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La réputation de Christopher Chance n'est plus à faire. Il a gagné sa vie en devenant une cible vivante professionnelle, un homme engagé pour endosser l'apparence et la psychologie de ses clients afin d'inviter les assassins potentiels à tenter de le tuer. 

Un parcours remarquable... jusqu'à sa dernière mission en date, la protection de Lex Luthor, au cours de laquelle les choses ont dérapé. Une tentative d'assassinat que Chance n'a pas vu venir le rend vulnérable et l'oblige à essayer de résoudre son propre meurtre. 

Il a 12 jours pour découvrir qui, dans l'univers DC, haïssait Luthor au point de vouloir le tuer via un poison à action lente. Et les principaux suspects sont... la Ligue de Justice Internationale !

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Comme une fatigue existentielle. Plein le fondement des super jouant à saute-building, balançant des pains équivalents à des Little Boy en phalanges. Les super lassent. Les derniers blockbusters burnés et incompréhensibles enquillent les accidents industriels.

Tant mieux. Il est toujours salutaire que les purges purgent.

Pourquoi donc commencer cette nouvelle année par un comics se déroulant dans le monde de Superman, Wonder-Woman et pleins de trucs en man ?

Parce qu’il est sensationnel ce comics qui se situe dans l’univers des Super Slips, où le premier rôle est tenu par un slip normal. Qui présente bien hein ! Pas le vulgaire sloub kangourou, informe et lâche, laissant apercevoir un attirail tristement pendouillant. Plutôt le modèle moulant et affuté mais un vulgaire slip quand même.

Avec peu d’action bourrine, au ton mélancolique, Human Target est un roman graphique sous les auspices de Hammett et Goodis, Alan Moore en visuel. S’il n’atteint pas la maestria ni la puissance de Watchmen, c’est bien à ce dernier que Human Target fait songer.

Le scénario de Tom King (magnifié par le trait sombrement acidulé de Greg Smallwood) est un bijou de précision et de tristesse sourde. Les premières cases évacuant d’emblée un happy-end encombrant, nous plongeons en une enquête extraordinaire (le « face à face » avec un Batman fantomatique est jubilatoire) et une romance touchante. Ou comment jouer avec les codes du roman noir pour les magnifier.

Chance n’a pas de pouvoirs. Il ne dispose pas de gadgets terrifiques ni d’une cave pour les entreposer en évitant de payer des impôts. En revanche, il est un enquêteur hors-pair et n’a plus rien à perdre.

Oublions-les, ces encapés monolithiques. Suivons Christopher Chance, privé cynique et amoureux (d’une femme fatalement glaciale). Comprendre que ce n’est ni la taille ni le fuselage du Slip qui compte, cela situe plus haut, derrière les sourcils.

Imparable.

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