dimanche 22 octobre 2023


« Le requin-tigre que nous recherchons est un maniaque ! »

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Que leurs auteurs soient d'innocents rêveurs à côté de la plaque ou de flamboyants escrocs au cynisme achevé, les cinquante films retenus pour cette anthologie possèdent tous à leur façon une âme à même de les élever au-delà de leurs objectifs de départ. 

S'ils nous font souvent rire à leurs dépends, leur caractère profondément unique finit par déjouer toute objectivité critique pour les imposer comme des oeuvres d'art brutes malgré elles. 

Les films de ninjas, les bandes de propagande, le cinéma turc, le bis Bollywood, les séries Z philippines, indonésiennes, taïwanaises, le polar français des années 80... 

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J’ai une prévention envers les Grandes Œuvres, les Récompenses (hop susucre). C’est parfois plus une posture qu’autre chose. J’ai adoré Parasite palmé d’or. En revanche, je préfère Planète interdite à 2001, l’odyssée de Kubrick. Je préfère un burger-frites avec Carpenter que diner fin devant James Ivory. Je tiens Massacre à la tronçonneuse pour un sommet...

Bref.

 Je suis enfant de la série B.

De la Série B à la série Z, il y a un gouffre, une béance immense. Mais il existe des passerelles. Des ponts de singes, branlants, à un souffle de l’annihilation.

Attention, je ne parle pas là du Z qui exploite cyniquement un créneau commercial, genre Sharknado. Non le grand Z est celui qui s’ignore, celui de la foi du charbonnier. Ed Wood qui se prend pour Orson Welles (Ed Wood le Grand film de Tim Burton).

Et pour explorer cette terra incognita quoi de mieux que Nanarland ?

Nanarland : une corne d’abondance de films bizarres, splendidement ratés, admirablement foirés qui ne demandent qu’à exprimer devant vos yeux ébahis l’étendue de leur ratage.

Qui n’a pas vu The Room de Tommy Wiseau, persuadé de tenir le grand mélodrame des années 2000, n’a jamais vu plus haut sommet de comique involontaire !

Qui n’a pas entendu Le dialogue le plus classe du monde sur le site de Nanarland (tapez dans la barre de recherche si vous l’osez) n’a aucune idée de la vulgarité crasse laissant quasi hébété !

Que de tels films soient montés, financés et distribués (quoique cette dernière étape soit plus aléatoire) laisse rêveur et rieur. Si on se marre (vraiment) beaucoup, on ne peut s’empêcher, enfin moi, de trouver jouissif ce frontal à l’excellence. Place aux zéros, aux bons gros loosers de merde. Au-delà des cancres, ceux qui n’ont jamais appris à se servir d’une règle, encore moins d’une table de montage !

Pourquoi s’emmerder devant Bergman un jour de pluie, alors que le pire n’est jamais décevant ?

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