dimanche 9 juillet 2023

Traduction : François Happe

« – Et je vous écoute, dit Bobby. (…)

– Mais vous ne m’entendez pas.

– Qu’est-ce que je n’entends pas ? (…)

– Le silence. »

***

En cet été de 1974, à South Boston, quartier irlandais de Boston, Mary Pat Fennessey mène une existence routinière. 

Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. 

Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble. D’autant que la récente politique de déségrégation mise en œuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu’une grande manifestation se prépare. 

Dans la recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, aussi dévastatrice soit-elle.

***

J’ai une pensée. Pour toutes celles et ceux, qui l’année dernière, à peu près à la même époque, faisait défiler avec le gras du pouce l’écran de leur portable et voyait un post sur deux porter sur le phénomène Blackwater. Un poil gonflant non ?

En ce moment, au grand jeu du scroll, c’est bien le dernier Dennis Lehane, Le silence, qui gagne haut la main. Le polar de l’année, le livre de cette même année, encore et encore...

Bon...

Je ne vais point trop pousser l’esprit chagrin : c’est un pur bouquin le Lehane ! Poignant et percutant. Un des évènements littéraires de 2023. Sans conteste. C’est unanime. 

Juste que je ne peux m’empêcher... Argh... D’autres livres méritent leurs louanges. Ce Silence ne les réduit-il pas au sort du même nom ?

 Ok...

Mais quand même...

Le personnage de Mary Pat. 

Boston. 

Sans déconner... La densité de Mary Pat et de Boston. 

Et cette plume directe, empathique et sans détour, comme un frontal avec une rotation élégante de la nuque car le style n’enlève rien à la puissance. 

Et cette colère, cette émotion qui nous enserrent les tripes, qui nous compriment l’intérieur jusqu’à ce que nos organes soient compactés, comme une noix de cajou dans un étau. 

Je suis heureux d’avoir lu Le silence de Lehane. 

L’UN des livres de l’année. Notons la nuance. 

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