dimanche 16 juillet 2023

« Blanche était dans le blanc ». 

***

C’est décidé, elle part. Blanche refuse de finir comme l’énième victime d’un féminicide. Tant pis si ce départ lui fait mal, ce ne sera pas pire que les gnons qu’elle encaisse. 

Elle va retrouver son frère à Bourgevel. C’est là, dans la station huppée, qu’un chercheur a inventé un tissu thermorégulé à dix-neuf degrés, décliné en une ligne de vêtements idéale par tous les temps. 

Utilisant le même principe actif, il crée de la neige ambiante. À la clé : des pistes de ski ouvertes toute l’année. Sauf qu’un essai en plein air transforme l’incroyable découverte en cauchemar blanc…

***

Cher Monsieur, Ploussard, 

Je n’ai pas l’habitude de chroniquer les livres en avance et votre deuxième roman « Tout blanc » ne sortira en librairie que le 17 août mais je vous en veux. 

Non pas d’imaginer une apocalypse déjantée qui prend la forme d’une neige hors de contrôle qui recouvre de son blanc manteau les vanités humaines, ses émanations de béton, asphalte et autres billevesées en verre trempé. Ni la cohérence de votre cataclysme terminal et les trouvailles qui parsèment votre bouquin.

Non plus la peinture acérée de notre époque glapissant « principe de précaution », comme d’autres couinent incompréhensiblement leur mal-être sous auto-tune. Tant qu’il n’y pas trop d’argent à gagner. Balancer la technologie et voir après, c’est développer le nucléaire avant de savoir quoi faire des déchets. 

Pas plus que les personnages attachants, percutants et foutraques qui peuplent, hantent, les pages de votre fin du monde. J’ai aimé Blanche, j’ai tremblé pour elle, surtout que l’ultime catastrophe signifie souvent, hélas, une longévité drastiquement raccourcie. On apprend vite, en vos pages, à ne pas trop s’attacher. 

Ce n’est pas la dichotomie grinçante de votre roman qui pose problème. Le rire roulant dans la gorge alors même que notre univers sombre dans un blanc aussi virginal qu’une pipe à crack. Et que dire de Salvetat ! Votre tueur narcoleptique, qui s’endort voyant la neige tomber. Vous avez osé, Monsieur, ce personnage terrible, en proie à une interrogation existentielle et une orientation professionnelle à réenvisager fissa, d’une drôlerie tragique presque douloureuse. Vous avez fait vœu de magnifier l’oxymore ou bien...

Non !

Parmi le torrent de la Rentrée Littéraire, charriant son lot de saumons en file, terriblement sérieux, qui, à l’encontre de l’instinct de l’espèce, suit le courant. Le vôtre est l’un de ceux, agiles, qui s’obstinent à remonter face au flot. 

Non, Monsieur Ploussard, je vous en veux pour le chien ! Mais de cela je vous pardonne. 

Tout blanc, sortie le 17 août, génial !

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire