dimanche 9 juillet 2023


 « Les maisons longtemps fermées sont sur la défensive comme les chiens abandonnés. »

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Après des années à faire des ménages à Paris, Mariette hérite d’une vieille bâtisse en Normandie. Charmée par les lieux, elle y emménage et s’épanouit dans son jardin en friche, à l’écart du monde. 

Mais l’arrivée de Louise interrompt sa retraite : cette adolescente, en vacances dans la région, cherche un refuge à l’ennui et à la lourdeur familiale. Peu à peu, toutes deux nouent une complicité émerveillée autour du jardin sauvage. 

Le lien inattendu créé cet été-là bouleversera à jamais l’existence des deux femmes.

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Comme une fatigue existentielle qui me plombe. J’ai la flemme de poster. Le monde qui m’entoure (qui me cerne, j’ai comme la sensation parfois) m’épuise. Et les livres, ces fidèles compagnons, peinent cette fois à faire leur œuvre de diversion, d’explication et de consolation.

Pas tous. Certains font le taf quand même.

Être juré d’un prix littéraire a cet avantage de me sortir de mes lectures habituelles. Je lis peu de Folio. Ce qui, pour un libraire, semble être le plus court chemin vers le goudron et les plumes. Mais, officiant au Folio des libraires cette année, j’ai enquillé du Folio comme jamais et j’ai rarement éprouvé le tiède. J’ai oscillé entre le « non ça pas possible » (Le Marie N’Diaye quelle purge) au « c’est po mal du tout » pour finir par « je n’étais pas prêt pour l’émoi ».

Le court mais si touchant roman d’Anne Guglilmetti m’a cueilli et baste ce cynisme en bandoulière que je présente trop souvent et facilement sur IG. Cette rencontre entre Mariette, femme de ménage, une maison de campagne héritée et le jardin qui la borde et Louise lycéenne perclus d’ennui en ces vacances estivales dans ce trou perdu a quelque chose de miraculeux.

Deux femmes et un jardin m’a fait songer à Macron. Alors on attend que je développe et on baisse (un peu) ces fourches. Plus exactement à une phrase navrante de Macron. Laquelle, parmi son œuvre touffue et toujours renouvelée ? Celle où il développe sa thématique de premier de cordée.

Anne Guglielmetti rend hommage non pas aux premiers de cordée, ni aux seconds, ni aux troisièmes. Elle rend sensible ce fait inévitable : sans celles et ceux qui fabriquent les cordes, toute la cordée s’écrase comme une merde.

Évidemment, Deux femme et un jardin n’est pas un livre politique (quoique) mais un récit sobre, juste et poignant sur une amitié improbable se nouant en un lieu à priori banal, un jardin que Mariette s’emploiera non pas à domestiquer mais à comprendre.

Néon dans Matrix affirmait que la cuillère n’existe pas. Anne Guglielmetti, elle, prouve que le banal n’est qu’un concept creux et ne reposant sur rien. Magnifique.

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