lundi 1 mai 2023

Traduction : Sophie Aslanides

« C’est un homme avec une arme.

Un revolver. »

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Tout commence à Philadelphie le 7 mai 1965. La ville est secouée par des émeutes raciales. 

Dans un bar au coin d'une rue, l'officier Stan Walczak et son coéquipier George Wildey sont abattus à coups de revolver. 

Le double meurtre restera non résolu. 

En 1995, le fils de Stan, devenu inspecteur, enquête sur l'assassinat d'une journaliste, mais cherche toujours à savoir qui a tué son père. 

C'est Audrey, la petite-fille de Stan, étudiante en criminologie, qui conduira la famille à la vérité.

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Les villes qui ont de la personnalité ont souvent un surnom. Big Apple, Paname, ce genre de trucs. Je ne sais trop si c’est si chouette que ça de vivre dans une ville avec de la personnalité.  Philadelphie a un diminutif, Phily. Moi de Phily, je connais surtout l’envolée de marches que Rocky Balboa finit par survoler avec aisance à la fin d’un entrainement sévère sur l’air de Bill Conti.

Duane Swierczynski (bon je vais l’appeler Duane hein) nous propose un portrait presque intime de Philadelphie qui se fond dans celui d’une famille, les Walczak, hantés par le meurtre du grand-père Stan, flingué avec son co-équipier Georges Wildey, dans un bar en 1965.

Et nous voilà embarqués dans un polar plaisant, vif et maitrisé, se déroulant sur trois générations. 1965 et la naissance d’un duo de flics Georges, polonais bon teint, pas le plus affuté du carquois mais loin d’être le colosse mono-neuronal que l’on voit en lui et son partenaire Georges, afro-américain subtil, tranquillement rageur. Un couple improbable, pas évident en ces temps d’émeutes raciales qui tinrent le tempo des USA dans les sixties.

Une enquête, une traque se déploie sur trois époques. Qu’est-il arrivé dans ce bar ? Qui a plombé Georges et Stan ?

Duane, routard accompli du polar noir, écrit ici un livre qui, s’il n’a rien de révolutionnaire, est parfaitement maitrisé de bout en bout et totalement porté par des personnages touchants et forts. Car tout autant qu’une enquête percutante, c’est le délitement d’une famille auquel on assiste. Une famille baignant dans un amour réel, avec son lot de mensonges et compromissions, de ceux qui cimentent avant que ne déboulent ceux qui lézardent.  

Le révélateur et la voie menant à une rédemption s’incarne dans le beau protagonniste qu’est Audrey, la petite fille, se trimballant une palanquée de névrose et un rapport à la vodka quelque peu problématique. Grande gueule vacillante, elle n’a rien d’une victime expiatoire. Elle trimballe en elle le gène récurrent de la famille Walczak : la ténacité.

Un beau roman, impossible à lâcher et qui tient toutes ses (nombreuses) promesses.

(J'en profite pour ajouter qu'il est temps que Les Grosses Têtes libèrent Bill Conti.)

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