dimanche 5 mars 2023

(et merveilleuse)


« Toute particule a son anti-particule avec laquelle elle peut s'annihiler.

Ainsi, il pourrait exister des anti-mondes, peuplés d'anti-gens, constitués d'anti-particules. »

***

Canton d’Estanville, automne 1990. Un collégien disparaît. 

Seuls ses vêtements parfaitement pliés sont retrouvés au milieu d’un sentier en pleine forêt. 

Le mystérieux “homme qui marche” serait-il lié à cette disparition ? 

Le capitaine Ernevin est dépêché sur les lieux pour mener l’enquête.

***

Julien Freu a dû aimer Stranger Things. Je me demande si cette référence obligée ne le saoule pas un peu lors des tournées en librairies : « Alors quand même, Ce qui est enfoui, ce ne serait pas un peu Stranger Things en Province ? »

Et de là multiplier les ferments constitutifs du manuscrit : Dark la série temporelle allemande propre à épuiser nos stocks de post-it et Doliprane, Stephen King, etc.

Finalement Julien Freu en deviendrait un réceptacle talentueux et tributaire.

Hum... Serait-on plus sourcilleux avec un primo-romancier ? Fait-on remarquer à DOA que Don Winslow a écrit sa Griffe du chien avant Rétiaire(s) ?

Car si ces renvois à la pop culture sont indéniables en lisant Ce qui est enfoui, le bouquin de Julien Freu est surtout un superbe roman sur l’adolescence.

Sur l’absolu de l’adolescence. Cette période s’étirant entre magie et sorcellerie, entre bénédiction et malédiction, celle qui refuse les compromis avant que nous ne versions dans la compromission. Évidemment, on s’essaie au cynisme mais nos amitiés sont éternelles, nos amours infinies, nos convictions inébranlables.

C’est ce moment que restitue merveilleusement Julien Freu. Ces années collèges où l’établissement scolaire est une zone de guerre. La violence qui régit les rapports des boules d’hormones qui déambulent en ses murs est incroyable et étrangement sincère.

Cette captation se noue dans un récit bien plus fantastique que policier (on peut d’ailleurs s’interroger sur la pertinence de le sortir chez Actes Noir et non chez Rivages Imaginaires par exemple) qui peine parfois à tenir la comparaison avec les interactions de nos ados à bicyclettes, insensés et bouillonnants, mais baste... Au reste, le dénouement est d’une beauté douloureuse, d’un potentiel émotionnel que nous ne sommes pas certains de retrouver dans l’épisode ultime de Stranger Things.

Lisez Julien Freu et si vous n’êtes pas remués, transportés, c’est que vous êtes du genre à dépecer des écureuils quand on ne vous regarde pas. 

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