dimanche 22 janvier 2023

« Ce cri, il tétanise. »

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Une enquêtrice de l’Office anti-stupéfiants, l’élite de la lutte anti-drogue, qui a tout à prouver.

Un policier des Stups borderline qui n’a plus rien à perdre.

Un clan manouche qui lutte pour son honneur et sa survie.

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Nous vivons à l’ère des séries télés. Elles on pris le pouvoir, à telle point qu’une annulation provoque des pétitions mondiales bien plus sûrement que l’éradication d’une espèce menacée ou la mise à mort d’opposantes au régime de mollahs.

On peur le déplorer, on le déplore et puis on arrête sinon ce serait une litanie de supplications sans fin qui déboucherait sur une catatonie larvée devant la cafetière ? Non, rien à dire, l’époque est chouette...

Donc, la narration se conforme au feuilletonesque, de plus en plus souvent. Le dernier DOA se lit comme une série télé, on se surprend à construire un casting rêvé. Enfin moi. J’ai la manie de m’emparer du « on » pour y noyer mes propres turpitudes.

Et si les lignes précédentes suggéraient un agacement, je dois justifier un retournement sémantique à partir de ce point. Car c’est quand même du très bon le DOA. Si je me plais à imaginer un défilé d’images en mes synapses, c’est bien que ce livre possède une puissance évocatrice rare.

Comme dans ses précédents romans, DOA s’appuie sur un solide travail documentaire, ici le trafic de drogue mais il le fait avec une, comment dire, j’allais dire retenue mais ce n’est assurément pas le bon terme. DOA ne retient rien, disons avec un sens de l’intime plus marqué que la vaste et furieuse fresque géopolitique qu’a été le diptyque Pukhtu.

Certes l’aspect mondial, tentaculaire, de la poudreuse en sachet n’est pas occulté, elle est même plaisamment documentée sur un ton mordant (DOA ne porte pas de tee-shirt flanqué du portrait d’Evo Morales) mais on a à faire ici à un bouquin de flics. De ces œuvres que Olivier Marchal pourrait caviarder à son aise.

Convoquant les figures quelque peu archétypales du flic ripou mais efficace, du chef de clan manœuvrier et son frère psycho et demeuré, DOA rebat les cartes avec maestria et sort le joker de la benjamine du clan, brillante et implacable.

Toujours dans ce style punchy, nerveux, vif, comme un surin balafrant la chair, DOA ne rate pas son premier tome car il y en aura d’autres je le pense et à vrai dire je le souhaite.

Épisodique certes, épidermique plus sûrement. Un foutu polar surtout...

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