Non mais... Qu'est-ce-que... Hein ?

Traduction : Jean-Paul Gratias

« S'agenouillant, il ôta son chapeau et plongea la tête tout entière dans l'eau de la fontaine. Honnêtes citoyens de cette ville, pardonnez-moi, je suis un voyageur fiévreux.

Mais la ruelle était déserte. Personne ne le vit. Picard était seul, d'une solitude qui lui parut soudain totale, infinie, s'étendant sur l'Europe entière, et au-delà, tout autour de la terre elle-même. »

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Du Paris des fêtards Second-Empire aux mystères redoutables de l'Autriche-Hongrie décadente, cette oeuvre folle de la littérature policière" nous offre un théâtre d'ombres où s'affrontent un policier hanté par ses démons, un baron sanglant, précurseur de Jack l'Eventreur, et l'éternel Cagliostro.

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Une fata Morgana est un phénomène d’optique résultant d’une combinaison de mirages. On voit donc quelque chose qui n’est pas là. Il est difficile de vraiment définir une fata Morgana, ainsi en est-il du roman de William Kotzwinkle. 

Est-ce un roman policier ? 

Oui, et d’aventures ! On suit le périple de l’inspecteur Picard, à peine remis d’un traumatisme crânien sur les traces d’un escroc de haut vol, le genre de mec à se faire passer pour le Comte de Cagliostro revenu sur Terre.

Historique aussi non ?

Certes... Il y a du Eugene Sue, Dumas et Leblanc dans les péripéties de l’inspecteur Picard, corpulent, ayant du mal à s’aimer, séducteur et maladroit, un sacré personnage. Un roman fin de siècle quand la science triomphante faisait face à une resucée d’occulte dans les salons de la bonne société. Immortels médiums y devisaient pierre philosophale en se nourrissant sur la bête. Maintenant on a des influenceurs qui vendent des bols d’urine et des influenceuses marchandant l’eau de leur bain. On va éviter de la ramener...

C’est donc également un roman fantastique ?

Absolument, bercé de funeste destin et de langueurs passagères qui accélèrent brusquement le tempo. Kotzwinkle manie ainsi le chaud et froid dans une plume imagée, audacieuse, picaresque et nostalgique.  Certaines scènes feraient même songer à du Philip K Dick s’essayant au roman gothique.

Et le dénouement on en parle ?

Foutre non ! Tout juste le qualifiera-t-on de déroutant, faute de mieux, mon vocabulaire se fait déficient soudain. 

Un livre déconcertant que certaines jugeront frustrant, d’autres emballant, moi magique. Plus tour de bonneteau que prestidigitation bling bling, de cette illusion du pavé dont on pressent le tour mais qu’on n’arrive jamais à deviner.