lundi 31 octobre 2022


« Sur un coté du bureau trônait une dizaine de matriochkas colorées rangées en ordre croissant. Nougo dut se pencher pour s'apercevoir qu'elles représentaient les maîtres de la Russie depuis Nicolas II. La plus volumineuse des poupées figurait un Vladimir Poutine dodu et satisfait. Il est vrai qu'elle avait vocation à contenir toutes les autres. »

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Tbilissi, capitale de la Géorgie, terre natale de Staline. 

Un ressortissant français est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriott. 

Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, à l’ambassade, est mandaté pour assister les inspecteurs locaux. 

L’enquête les mènera sur les traces du dictateur et d'une immense ville balnéaire abandonnée...

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La vie est une chierie. Elle présente ce désagrément majeur, rédhibitoire, de prendre fin. De manière parfois injuste, parfaitement dégueulasse. Ainsi, je me faisais une joie d’accompagner la carrière prometteuse de Renaud S Lyautey quand j’ai appris sa fin brutale en avril de cette année.  

Internet m’instruisit de cette triste nouvelle quand une fois ma lecture terminée de l’excellente Baignoire de Staline, je me renseignais sur la bibliographie de cet auteur singulier. Renaud S Lyautey a boosté le genre à lui seul, celui du polar diplomatique. Là où Ruffin s’enferre mollement, Lyautey documente, vibre et touche.

À l’image de cette Géorgie jouxtant la mer Noire, coincée à côté de l’ogre russe qui a pour fâcheuse habitude de pratiquer l’emmerdement maximum envers ses voisins, à coup d’invasion illégale, crimes de guerre, meurtres de masse. Cette jeune nation, déjà mutilée par l’appétit sans frein de Poutine, lutte pour conserver son histoire, son indépendance.

C’est dans un de ces hôtels que le jeune Sébastien Rouvre est retrouvé assassiné. René Turpin, diplomate chevronné, va assister la police locale dans ce qui s’apparente à un jeu de piste où plane le spectre de l’ex URSS.

La Guerre Froide imbibe les pages de ce malicieux et trépident livre à la frontière du polar, du roman d’espionnage et du récit de voyage. La baignoire de Staline est de ces polars où le Qui importe moins que le Pourquoi. Convoquant les fantômes du passé, dont l’un des plus plus sulfureux et illustres agents troubles, Lyautey transmue son traitement de texte en une planche Ouija roublarde, machiavélique et déroutante.

Si en plus, Renaud S Lyautey ne se contente pas d’une maestria narrative mais prend la peine d’étoffer ses personnages, de les vêtir de chair, d’os et d’âme, on tient là l’une des éclatantes réussites de cette année !

2 commentaires :

  1. Ah meeeeerde alors !!!!! Vous m'apprenez que Renaud S. Lyautey n'est plus. Sa plume était vive, belle, riche. Quelle chierie... Comme pour Mo Hayder ou Almudena Grandes.

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  2. oui, une perte alors que tant d'autres s'accrochent

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