dimanche 4 septembre 2022

Traduction : Jan Esch

« La manchette consacrée à Richard Boss Ribs dirait : UN INDIEN TUÉ LORS D’UNE DISPUTE DEVANT UN BAR. C’est une façon de voir les choses. »

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Quatre amis d’enfance ayant grandi dans la même réserve amérindienne du Montana sont hantés par les visions d’un fantôme, celui d’un élan femelle dont ils ont massacré le troupeau lors d’une partie de chasse illégale dix ans auparavant.

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La RL est là. Artificielle, trop dense, quelque peu auto-centrée mais elle possède une civilité élémentaire : celle de s’effacer devant un récit d’horreur venu des terres Blackfeet d’Amérique du Nord. Elle n’a guère le choix.

Ce texte est d’une force peu commune. Il parcellise, atomise les velléités autofictionnelles hexagonales ou ethnologico-sociologico-chiantissimes d’une jeune autrice irlandaise hype (attaque gratuite, j’adore).

4 jeune indiens veulent chasser le caribou. Ils vont plutôt les massacrer en ce qui s’apparente à un vaste tir aux cervidés et flinguer une jeune femelle enceinte. Son esprit revient hanter nos 4 viandards une décade plus tard.

Graham Jones peint un tableau aux traits fins mais aux teintes sombres. Ils laissent de côté les couleurs pétantes et choisit l’ombre au soleil. Stephen est blackfeet lui-même. Je suppose qu’il connaît intimement cette dichotomie de cette jeunesse miséreuse parquée dans une réserve envers les traditions indiennes. Cette irrépressible envie de tout envoyer chier, de bazarder le folklore et les coutumes, et l’impossibilité inscrite dans les gènes de s’en défaire.

Ce décalage, ce déchirement fera germer la tragédie.

Je suspecte la hantise de ne fonctionner que sur des êtres décents. La conscience de Willy Schraen, le président rougeaud et admirablement content de lui-même de la fédération française de chasse, ne doit pas être tourmentée par ses trophées de chevrotine. Nos 4 Blackfeet vont morfler eux, méchamment. Le livre va de scènes hallucinatoires en passages déments (la scène de chasse ouch... Un (wo)mano à (wo)mano au basket proprement terrifiant...).

La misère serait plus facile au soleil chantait l’autre. Je ne crois pas. Et le déclassement n’est pas plus aisé quand le mobil-home est posé dans un paysage à perte de vue. Les grands espaces ne préviennent pas de l’enfermement. La pauvreté n’est pas plus supportable devant un horizon lointain si cet horizon n’est que physique.

Magistral !

Disponible le 21 septembre.

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