Traduction : Marina Boraso
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Un manuscrit ancien traverse le temps, unissant le passé, le présent et l'avenir de l'humanité.
Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d'autres mondes et à d'autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ?
Le roman d'Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu'à un futur lointain où l'humanité joue sa survie à bord d'un étrange vaisseau spatial en passant par l'Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de l'écrit et de l'imaginaire.
Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?
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Le dernier Anthony Doerr est le tout-en-un de cette rentrée littéraire, le couteau suisse fabuleux. Vous aimez la science-fiction, lisez Doerr. Vous aimez les romans d’initiation, historiques, de guerre, noirs, policiers, picaresques, lisez Doerr. Ce que l’on pourrait synthétiser en ces trois mots terriblement évidents : lisez Anthony Doerr
À l’heure où de nombreux livres misent sur l’intime brise-pompes tartiné sur une centaine de pages aux marges aérées, Doerr débarque avec un pavé juteux de 700 pages d’une ambition folle, démesurée et totalement maitrisée. Quand un gentil poney côtoie un pur-sang.
L’époque nous pousse à nous interroger sur la littéraaaatuuuure. Ce qu’elle est, doit être, s’autorisent-t-on à penser dans les milieux autorisés à penser ce qu’il convient de penser, oubliant qu’il y a autant de définitions que de lectrices et de lecteurs. Anthony Doerr, lui, revient aux fondamentaux : la littérature raconte une histoire.
La cité des nuages et des oiseaux, récit antique fictif inspiré de la pièce d’Aristophane Les oiseaux, est le lien qui unit les multiples narrations. Anthony Doerr entrelace les époques et les lieux avec comme dénominateur commun cette fable prodigieuse. Ce garde-fou qui préserve de la folie, de l’abandon, qui pousse les protagonistes à chercher, se dépasser, survivre puis vivre, à sauver le livre, le préserver et lui faire traverser les siècles.
On songe bien sûr au Cloud atlas de David Mitchell puis cette référence s’efface tant le livre de Anthony ne prétend pas à la maestria narrative de Mitchell mais atteint une émotion plus vive qui ne nous quitte pas.
Rompant avec un cynisme plus récurrent qu’un jeu débile et mortifère sur tiktok, Anthony Doerr parie sur l’humanité en ne niant rien de l’humaine catastrophe qui advient, qui a fini d’advenir pour être là. Anthony Doerr écrit ce qui nous rassemble depuis le début des ères : nous aimons les histoires quand elles sont bien contées.
Un livre considérable et miraculeux.
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