lundi 25 juillet 2022

 

« Au petit matin les boîtes de nuit trahissent. »

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La Plage est le nom de la boîte de nuit d'une petite ville en bord de Loire.

C'est là qu'Arthur, dès l'adolescence et pendant plus de vingt ans, se rend avec frénésie. Dans ce lieu hors du temps, loin des relations sociales ordinaires, il parvient curieusement à se sentir proche des autres, quand surtout ailleurs sa vie n'est que malaise et balbutiements. Sur la piste de danse, il grandit au gré des rencontres - amours fugaces, amitiés violentes, modèles masculins écrasants. Au fil des ans, il se cherche une place dans la foule, une façon d'exister.

Jusqu'où le mènera cette plongée dans la nuit ?

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Ah l’adolescence... 

Encombré de ses membres, l’appareil dentaire qui fait songer à la proue d’un Tupolev, les lunettes de soudeur, et l’acné genre pizza au chorizo. J’ai kiffé mon adolescence. Si on ajoute le sens du rythme et la grâce d’une armoire normande, on a un combo gagnant !

Les discothèques sont bien pratiques pour traverser la période, elles sont même inespérées. La luminosité faiblarde est avantageuse et le sens du rythme n’est pas nécessaire puisqu’il s’agit de rester dans un cercle fermé les bras le long du corps.

Les boîtes sont également un asile pour Arthur, le protagoniste principal du dernier roman de Victor Jestin. Lui aussi, il est perdu dans sa vie, a du mal à trouver sa place, ne sait pas assumer sa sexualité. Arthur va se nourrir des rencontres qu’il va vivre à La plage, la discothèque du coin. De 15 à 40 ans, Arthur va désespérément chercher à aimer et être aimé...

Ce court livre est ainsi une sorte de catalogue, une recension de portraits sociologiques de masculinités toxiques, de filles fuyantes et de mecs largués. Assez finement ciselés d’ailleurs.

Le souci est que je m’en fous misère... Je m’en carre le moignon des errements d’Arthur, de ses hésitations et sa solitude tristoune. Car c’est tristounet l’homme qui danse, c’est pas gai non non non... Il s’agit de bien souligner l’ultra moderne solitude qui s’épanouit sous les stroboscopes et les boumboum du dancefloor.

Peut-être est-ce générationnel ? Ma dernière sortie au dancing remonte à un temps où je pouvais me convaincre que mes reflexes compenseraient mon alcoolémie.

Si l’on veut retrouver l’ambiance des vieilles boites, cette époque bénie où bouger à plusieurs dans un espace donné te fait croire que danser à côté c’est pareil que danser avec, on peut tenter le Jestin. 

Sinon, on met un vieux blues sur la platine et on savoure son relatif (de moins en moins relatif) éloignement de ses seize ans…

Parution le 24 août

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