mardi 28 juin 2022

Traduction : Stéphane Carn

***

Bob s’ennuie ferme dans son travail à l’hôpital de Los Angeles quand un bras coupé, orné d’un tatouage érotique, arrive sur son bureau. Alors qu’il doit le remettre à la médecine légale, il est violemment pris à partie par la mafia mexicaine, qui redoute que le bras n’incrimine son ex-propriétaire. 

Loin de paniquer, et prenant conscience que sa vie est merdique, Bob se laisse séduire par le glamour de l’aventure criminelle. Il devient alors “Roberto”, et passe un marché avec les Mexicains : il fournira aux autorités un autre bras, ce qui permettra de brouiller les pistes. En échange, “Roberto” réclame une nuit torride avec la divine Felicia, modèle du tatouage.

***

Tout commence avec un bras sectionné, trouvé sur une scène de crime. Un bras musculeux, et un tatouage sinuant entre biceps et veines, un tatouage représentant une femme recevant un hommage cunnilinguien et appréciant grandement. Puis Bob, le mec qui bosse au laboratoire de criminologie qui réceptionne le bras et tome raide amoureux de la femme tatouée en orgasme. Mais Bob a une copine. Puis le mec ancien propriétaire du bras, le chef de cartel et boss du désormais manchot. Puis l’adjoint du boss patron du mec qui a perdu son bras, adjoint défoncé à la marijuana la plupart du temps. Sans oublier le flic qui recherche le bras qui a disparu entre temps ni l’associé du mec qui a perdu son bras. Et puis le client de la consultante en masturbation (comment sublimer sa branlette), masturbologue, qui est la copine de Bob. Bob ? Mais si, le laborantin...

Bon...

Tout commence avec un bras sectionné...

À partir de là, laissez vous porter par cet orchestre grinçant où les musiciens s’obstinent à jouer solistes mais où, étrangement, une mélodie, frappadingue et complètement déjantée, commence à tinter...

Mark Haskell Smith est l’un de mes écrivains préférés. L’un des plus excitants. Une sorte de Tex Avery furieux (je litote) qui aurait laissé ici la palette graphique pour la machine à écrire. Un Simenon (pour l’art du portrait) sous acide, qui organise le chaos, jugule l’entropie pour délivrer une symphonie d’abrutis, d’obsédé.e.s du cul et trafiquants désabusés. En plus, il se permet d’être profond Mark, presque mélancolique. Asséner entre deux fusillades et dialogues ubuesques que la bienveillance prévaut, même au sein d’un cartel de drogue, c’est quelque chose...

Tout comme la traduction de Stéphane Carn qui parsème le texte de ses notes de travail savoureuses, comme frappé de l’énergie démoniaque du livre, faisant passer Tarantino pour un Ozu dans le coma.

Ce polar est un feu de Bengale, noir et violemment drôle.

Tc Boyle le dit bien mieux que moi : « Cet homme sait raconter une histoire, aucun doute là-dessus. » 

Pas mieux !

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire