Traduction : Sophie Aslanides
« j’ai envie d’être dans un endroit sombre et dépravé »
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Après «Extorsion», James Ellroy raconte la suite des confessions de l'abominable Freddy Otash, maître chanteur, voyeur et proxénète, un concentré d'humour noir inspiré par la vie du véritable Freddy Otash. Pour tout savoir sur les turpitudes d'Hollywood, réelles ou inventées!
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James Ellroy est un coureur de fond. Il s’épanouit totalement dans ses pavés protéiformes, difformes, de 700 pages, aussi volumineux qu’un annuaire, avec presque autant de personnages. Il convainc moins dans le sprint ou le demi-fond à mon sens. Les quelques 330 pages de Panique générale ne suffisent pas. L’écriture heurtée, bourrée de néologisme, sèche, au plus près de l’os, n’a pas le temps d’exercer son charme.
Ellroy est un écrivain majeur. L’un des plus grands auteurs de romans noirs du siècle dernier et celui en cours. Peu peuvent prétendre à le précéder dans son couloir (David Peace je pense, Whitmer ça se discute...). Qu’un auteur de ce calibre chute de quelques étages, il restera à des hauteurs respectables.
Il n’empêche, Panique générale laisse un goût d’inachevé. Freddy Otash, qui a réellement existé, fut un archéologue du ragot, un dénicheur de turpitudes. Il moulina du scandale à répétition pour le magazine Confidential dans les années 50. Ellroy en fit le héros d’une nouvelle, Extorsion, où Freddy avoue ses crimes pour quitter le purgatoire. Il en propose ici une suite et une fin.
Comment dire ? Voyez le jubilé de Elisabeth ? Je m’en cogne le moignon, si vous saviez, à grand coups de pelle ! Alors, les orientations sexuelles de James Dean et Rock Hudson, j’utilise une porte-fenêtre pour martyriser le susdit moignon...
L’intrigue est le point faible de Panique générale, son angle mort. Ellroy multiplie combinaisons et manœuvres mais ce foisonnement masque difficilement une recension pathétique de relents de poubelles aussi palpitantes qu’un bol de morve.
L’angle fort du livre, c’est Freddy O, le pervdog, sordide homoncule qui acquiert une forme non pas de grâce (faut pas déconner non plus) mais de tendresse. Un homme désespérément en mal d’amour, qui le cherche en touillant les ordures. Le tour de force du Chacal est de rendre attachant cet enfoiré.
Sur ce personnage, Ellroy ne s’est pas loupé...
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