dimanche 22 mai 2022


« Quand un copain vous file une cigarette et qu’un quart d’heure plus tard vous le retrouvez mort au fond d’un trou d’obus, les Évangiles vous semblent beaucoup moins convaincants. »

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Enfant, Jean-Pierre Ohl s’est cru responsable de la mort de son idole Enid Blyton, la radio ayant annoncé le disparition de la créatrice de Oui-Oui alors qu’il achevait un de ses livres. 

C’est sans doute pour conjurer ce traumatisme qu’il nous offre aujourd’hui un roman alambiqué et ambré comme il sait les imaginer, nous entraînant à la suite d’une improbable brochette d’enquêteurs penchés sur l’identité du “lectueur”, un vengeur qui se charge de faire payer aux “grands” auteurs leurs viles actions. 

On en retrouve en effet quelques uns victimes de lettres qui semblent les terrasser. Placée entre un libraire digne de Dickens et porté sur la bouteille et un commissaire en retraite qui se sait condamné, une jeune étudiante va ressusciter une époque révolue, celle où l’on croyait aux livres…

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(Bien... Commencer peut-être par une évocation personnelle de ma vie noctambule durant ma jeunesse estudiantine bordelaise)

Située à côté de Bordeaux, la boite de nuit Le Macumba avec son parking de centre commercial et ses plusieurs pistes de danse aux ambiances différentes mais une musique décérébrée, sans âme, pilotée par ordinateur, à faire considérer le meurtre de masse comme une option envisageable. Plus loin que le Macumba, se trouvait une grange délabrée, un parking en terre battue jonché de quelques épaves, la porte franchie, la claque sonique, Les Clash et l’intro de London Calling vous collait des frissons. Une programmation musicale qui ne débandait jamais. Le bien nommé Le Pied, le secret le mieux gardé de la Nuit bordelaise.

(Trop long, beaucoup trop long mais bon...)

Le Pied se retrouve dans le livre de Jean Pierre Ohl, Le Lectueur chez l’excellent Arbre Vengeur. Renommé La Bergerie, Le Pied sert de base opérationnelle au trio d’enquêteurs qui cherchent à percer le mystère du Lectueur. Un lecteur qui demande des comptes...

Déambulation poétique et touchante dans un Bordeaux pré-Unesco banlieue éloignée de la Capitale, Le Lectueur est avant tout un authentique plaisir de lecture. De ceux qui provoque un fourmillement dans les doigts, un récit bondissant, une plume juste et inventive, des personnages attachants où l’identification joue à plein. Comment ne pas se retrouver dans ces tâtonnements amoureux adolescents ? Et puis ce romanesque...

(Là.. Plaquer une de mes obsessions)

Comment !? Un roman français qui n’explore pas la psyché intime de l’auteur en un long lamento sur mon vécu avec mon papa, et pis ma maman quand même, et pis, en plus, j’ai un bobo à l’ameuh !

(Se la jouer faux modeste pleureur)

Je ne sais si mes chroniques ont provoqué des lectures mais sur ce livre-là, j’aimerais bien que cela fonctionne nom d’une bite en mousse !

(Maintenant conclure !)

Si Le pied est un secret gardé, Jean-Pierre Ohl en est un autre, celui d’une littérature inventive, bondissante, drôle et poignante, s’il en est un qui n’a rien à craindre d’un Lectueur...

(Bon ça fera l’affaire, rideau...)

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