« Tout est là, dans cette chose très simple : si vous ne croyez pas en l’autre, si les autres n’existent que par intérêt, alors le monde se brisera en mille morceaux. Et chacun d’entre nous ne sera qu’un débris de terre cuite, dépareillé et inutile. »
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Sous le plus vieux pont de Parme, le corps d'un homme émerge du rivage boueux. Il a été assassiné, puis jeté à l'eau on ne sait où et emporté par le courant. Le commissaire Soneri, se fiant comme toujours à son instinct, décide de remonter le fleuve. Par un après-midi froid et pluvieux, son voyage vers les origines l'amène dans un village isolé des Apennins, près d'un col autrefois parcouru par les marchands et les pèlerins.
Les villageois parlent peu et à contrecœur, l'hostilité envers l'étranger, qui plus est le flic, est évidente. Au fil des jours, l'enquête devient de plus en plus inquiétante, tandis que le commissaire s'échine à trouver la bonne piste parmi des chemins impénétrables qui se perdent dans un paysage intact de neige, d'arbres et d'eau.
Dans ce décor qui le fascine et le bouleverse à la fois, il croise des personnages bizarres, rassemblés dans une sorte de communauté des bois, et un prêtre dérangeant à la foi subversive...
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On a souvent comparé Valerio Varesi à Simenon. Subséquemment, le héros de Valerio, le commissaire Soneri serait le reflet de Maigret. Je me méfie de ces raccourcis trompeurs. Il y a du vrai dans ce parallèle mais les parallèles ne se rencontrent jamais. Alors oui, Valerio a l’art de créer une atmosphère, comme Simenon il suggère plutôt qu’il n’assène. Mais Soneri est loin d’être aussi placide que ce brave Maigret. Plus nerveux.
Soneri fonctionne à l’instinct, par accélération subite. Capable de quitter la pièce sans prévenir, pris d’un de ses élans qui le meut. Soneri a le don (ou la malédiction) de toujours se trouver là où tout se noue et se résout, là où les emmerdes ont depuis longtemps dépassé le stade de l’escadrille.
Qu’un cadavre homicidé soit trouvé sous un pont à Parme, Soneri, remontant l’amont, saura dénicher le village montagnard où tout a débuté. Un village de taiseux, où les gens du cru ne font même pas semblant, ils se taisent, point. Dans cet endroit oublié de Dieu, d’une beauté saisissante, presque douloureuse (ah cette couverture… Splendide), Soneri fera un sort à la pelote d’emmerdes, à sa manière, prenant ses élans…
Magnifique roman, encore. Charnu, goûteux. Italien. Je le répète, assurez-vous de remplir les étagères : la lecture de Valerio ne souffre pas un garde-manger vide. Un livre frémissant, sensible et vif, à la façon de son héros, désabusé, lucide, désabusé car lucide, mais qui ne peut se résoudre à lâcher l’affaire. Naviguant dans un univers hostile, Soneri saura compter sur la délicieuse et piquante Angela. Ainsi qu’un garde-chasse sage, un prêtre sincère et fiévreux, un tavernier empli de fiel et de rancœur, une communauté des sommets qui ont renoncé aux mirages du monde moderne, etc. Ou pas.
On peut bien évidemment ne pas lire Valerio Varesi. On peut également sucrer son café et boire du coca en picorant du parmesan. On peut…
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