samedi 7 mai 2022

 


Traduction : Cécile Leclère

« Les âmes mauvaises ôteraient un rêve, briseraient, ruineraient impunément. Légitime, l’espoir porte les utopistes, sûrs qu’une étoile les orientera. Résolus, motivés, appâtés, impliqués. Sans implication, le plan est sans émotion. Pour livrer un secret, l’œuvre, unique, ruse, distille. »

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Steven Smith, condamné pour braquage, vient de terminer une longue peine de prison. Ne sachant ni bien lire ni écrire, il enregistre ses pensées sur un téléphone portable afin de progresser dans sa quête.

Sa quête ? Déchiffrer le code Twyford, inventé par une écrivaine de littérature jeunesse des années quarante, Edith Twyford. C’est un besoin impérieux, presque vital. Pour l’aider, Steven peut compter sur quatre amis avec qui il a partagé à l’époque du collège un événement qui a changé le cours de leur vie.

Rapidement, il devient évident qu’Edith Twyford n’était pas seulement une « simple » écrivaine. Le code Twyford a un grand pouvoir, et Steven n’est pas le seul à essayer d’en percer les secrets.

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« Je veux que ce soit bien écrit », cette demande, que l’on m’adresse en librairie, m’interroge. C’est quoi, bien écrit ? Le plus souvent on me répond : sans trop de dialogues et beaucoup de descriptions. Les dialogues seraient donc littérairement pauvres alors que la lente représentation d’un brin d’herbe relèverait des plus hautes et belles lettres.  

Si l’on s’en tient à cet enfermement qualificatif... Le code Twyford est mal écrit. Le code Twyford repose en effet sur des transcriptions audios d’un ex-détenu récemment libéré, qui a appris à lire en prison et dont le niveau de lecture ne peut se hisser au niveau d’exigence de la Pléiade en papier bible. Un style direct, parlé, quasi phonétique par moment. Miss Îles, par exemple, devient missile.

Et pourtant... Le code Twyford est l’un des livres les enthousiasmants que j’ai lus sur le pouvoir du langage, l’ensorcellement des mots. Imaginons... Et si Enid Blyton, l’écrivaine quelque peu rancie du Club des cinq, avait glissé un code dans ses livres désuets voire moisis. Et si Le Club des cinq était une porte d’entrée vers... Quelque chose d’énorme !

C’est le cœur du roman de Janice Hallet. Mais pas seulement, car au-delà du thriller haletant d’une roublardise démoniaque, c’est également un livre hautement social. Quand Steven, avec ses mots simples et crus, relate la faim de son enfance, le déclassement, la colère qui émane de ces quelques pages étreint le cœur plus que ne le ferait un texte classique digne des grandes heures de L’Académie Française.

Et si bien écrit signifiait juste le style qui convient, la plume parfaitement idoine, calibrée, au service d’une intrigue haletante ? Le code Twyford est superbement écrit !

Le fond et la forme en totale symbiose, ce n’est pas si courant... Génialissime.

L’acrostiche est une figure de style, chaque première lettre de chaque mot forme une phrase cachée dans le texte. La citation initiale de mon post est un acrostiche.

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