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Trois tireurs armés jusqu’aux dents, lâchés dans un "environnement" public aléatoire délimité.
Un but : abattre le plus de personnes possible. Une promesse : un énorme paquet de fric pour celui qui quitte les lieux indemne.
Si l’une des "cibles" met hors d’état de nuire l’un des tireurs et survit, une part du pactole lui échoit.
Des règles simplissimes, et des dizaines de drones qui filment le tout pour le plus grand bonheur de millions de spectateurs hystérisés, d’annonceurs aux anges et de John McDean, producteur et chef d’orchestre de Vigilance, le show TV qui a résolu le problème des tueries de masses aux États-Unis…
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En quelques 3 décennies nous sommes passés de This is not America de Bowie à This is America de Childish Gambino. Le not a sauté. L’accélération pour ma génération est troublante. Quand l’éducation intellectuelle et la culture générale était louées jusqu’à l’excès (le travail manuel méprisé), entretenant savamment une discrimination de classe sans le dire, nous faisons face désormais à des décérébrés en maillot de bain glorifiant l’ignorance, l’horizon indépassable étant de posséder des abdos en tôle ondulée et des poitrines gonflées à l’hélium.
C’est hallucinant, quand on y songe, d’assister à ces humiliations récurrentes, des jeux (?) comme Koh Lanta systématiquement basés sur l’élimination des autres, toujours. Des émissions basées sur un mode coopératif ne sont pas près de voir le jour tant elles iraient à l’encontre de l’époque.
Cette bascule Robert Jackson Bennett l’a admirablement saisie dans son percutant court roman Vigilance. Il ajoute un trait typiquement étasunien, le fait de pouvoir se procurer des armes presque plus facilement qu’une boite de préservatifs. Imaginant un monde dangereusement proche où les USA ont dégringolés de leur podium, laissant la place du Boss à la Chine, Bennett crée la télé réalité ultime où les tueries de masses, possibles par la mise à disposition d’armes léthales contre signature, sont orchestrées, mises en scènes, canalisées si l’on peut dire...
Le producteur télé, sordide John McDean, est le démiurge de cette nouvelle étape de l’extinction de l’intelligence. Gavé de PDM, de datas, soumis à la toute-puissance des IA, son monde est déjà le nôtre. Mais bon... Il exagère Bennett non ? Puis on mate un épisode quelconque des Abrutis à Rio et on se prend à douter...
Égrenant l’engrenage : « [...] plus les gens avaient peur, plus ils achetaient d’armes. Plus le nombre d’armes en circulation augmentait, plus les gens les utilisaient les uns contre les autres. Plus elles servaient à s’en prendre les uns aux autres, plus ils avaient peur... et plus ils en achetaient. »
Bennett est implacable.
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