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2019. Millicent Spark, 72 ans, était spécialiste des maquillages et des effets spéciaux dans les films d’horreur de série B. Elle vient de sortir de prison après avoir purgé une peine de 24 ans pour le meurtre présumé de son amant lorsqu’elle rencontre le jeune Jerry, 18 ans, étudiant en cinéma, fan de ces mêmes films gore et de black metal, par ailleurs délinquant à la petite semaine.
Au moment du meurtre, Millicent n’a su convaincre personne de son innocence, mais la découverte d’une photographie et sa rencontre avec Jerry vont éveiller en elle un irrépressible désir de rétablir la vérité. Qui était son amant ? Et pourquoi veut-on l’assassiner, elle ?
Les deux improbables héros s’apprivoisent, se révèlent peu à peu et s’embarquent alors dans une sorte de road-movie à travers l’Europe, sur les traces de personnages louches avec lesquels Millicent frayait à l’époque du meurtre, alors qu’elle travaillait sur le tournage de Mancipium, film gore italien mythique qui ne verra jamais le jour, frappé d’une malédiction : producteur à la Harvey Weinstein, artistes maudits, starlettes, financiers douteux, magnats de la presse… Leurs questions ne vont pas tarder à importuner des gens haut placés, au péril de leur vie.
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J’adore les polars et la SF. J’aime la littérature de genre. Cette appétence pour ces livres un brin déclassés (de moins en moins) m’a valu de (rares) conversations piquantes avec des lectrices et lecteurs confits en snobisme dans les quelques librairies où j’ai officié.
Mais ce n’est rien à côté des films d’horreur. Le film d’horreur est voué aux gémonies et quand il trouve un peu de lustre, on gomme systématiquement son origine. Et c’est ainsi que Cronenberg n’a pas fait de films d’horreur non, il tournait des films d’auteurs torturés voués à son obsession du déviant et des cours de biolo mal digérés...
J’aime les films d’horreur. Les Giallo, les Gore etc... La colline a des yeux ou Massacre à la tronçonneuse. Et quand on me dit qu’il y a plus de mauvais films dans ce créneau que partout ailleurs, je rétorque biais cognitif, tout comme mon prisme perso me fait glousser devant un Bergman.
Si vous êtes fan de films horrifiques, vous allez surkiffez Coupez de Chris Brookmyre.
Si vous ne l’êtes pas, vous devrez vous contenter d’un thriller virtuose, poignant et drôle, porté par un duo attachant de personnages décalés, perdants de la loterie sociétale brassant les numéros dans un boulier frénétique sans qu’on ne lui ait rien demandé.
C’est ballot...
Plus sérieusement, qu’on soit amatrice ou pas de ce genre cinématographique, il est difficile, impossible, de résister à la maestria de Chris Brookmyre. Le thriller repose habituellement sur un rythme frénétique et des rebondissements censés retourner le sloub plus fréquemment qu’un coup de poignard dans un slasher moyen.
Chris fait le pari lui de ne pas multiplier ces « ‘tain je ne l’avais pas vu venir » sans les occulter, il prend le temps de poser Millie et Jérôme et les mettre sur la trace d’un film maudit, Mancipium, à faire passer Poltergeist pour une aimable bluette.
Il y a les chefs-d’œuvre impérissables de la Littérature au L hypertrophié, les page-turner efficaces et impersonnels comme du tofu assaisonné à l’eau froide et il y a Coupez ! De Chris Brookmyre.
Génial !
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