vendredi 1 avril 2022

 


C’est l’idée...
***

En 1888, Kurtz embarque pour le Congo avec la mission officielle de rédiger un mémoire sur la dimension "philanthropique" de la colonisation, dont le but inavoué consiste à piller les ressources en ivoire du nouvel Eldorado africain. 

À Léopoldville, il fait connaissance avec Moreau, un étrange explorateur britannique. Éprouvés par la cruauté de certaines coutumes locales et la sauvagerie des colons envers les indigènes, ses idéaux s'écroulent peu à peu. Mais le cœur de la forêt lui réserve d’autres révélations, plus effroyables encore.

***

Je n’ai pas une culture classique. J’avoue faire preuve d’un esprit douteux, d’une mauvaise foi crasse envers les monuments  qui ont traversé les Siècles. Cette intemporalité faisant office d’imprimatur, de belles Lettres indéniables. J’y vois également de la chance et un conformisme se répétant de génération en génération. Ce qui est un brin complètement con, j’avoue. 

Et cette manie de citer les incipit, « Longtemps je me suis couché de bonne heure » de Tonton Marcel, la figure tutélaire. Moi lisant Proust, souvent je me suis endormi de bonne heure. « Aujourd’hui maman est morte », Ah... Camus. J’aime La peste et La chute. Comme quoi, revendiquer une culture par la bande, de série B, est un étendard comme un autre...

On note plus rarement les derniers mots. Dans ce domaine « L’horreur, l’horreur » de Joseph Conrad, concluant son odyssée abyssale, Au cœur des ténèbres, est célèbre. J’adore Au cœur des ténèbres. Je salue le courage de Joseph Denize qui préquelise Conrad en quelque sorte, où Comment Kurtz est devenu Kurtz. 

J’avais grandement apprécié le premier roman de Denize, Quand on parle du diable, visitation ludique et surréaliste des romans feuilletons parisiens. Je suis plus mitigé ici. 

La plume est belle et, par moment, à retranscrit pleinement l’étouffement, le fouillis claustrophobe de la jungle congolaise. Ce manque d’horizon, ce regard qui heurte inévitablement une végétation hostile, s’accompagne d’une folie, d’un déraillement progressif mais certain de la raison et des principes moraux, civilisationnels, qui sont le pauvre vernis de l’homme blanc qui s’aventure...

Alors pourquoi rallier Lovecraft ? J’en ai un peu marre de cette recette. Lovecraft me gonfle même si je lui reconnais un mérite économique. On en lit un, on les a tous lu peu ou prou tant le même schéma se répète ad nauseam : une frêle humanité entend du bruit à la cave, va voir d’où vient cette lumière verdâtre et y perd la raison. 

Nul besoin de chercher une source extraterrestre à la cruauté et la barbarie, on y arrive très bien tout seul.

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire