« Y a des jours comme ça où tout semble partir en couille. »
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Qui connaît le 9-4 ? Qui connaît ceux qui y vivent et y survivent ? Et surtout, qui connaît son miroir inversé, le 9-4 dans le 9-4, le Nueve Cuatro ? Un pays des merveilles peuplé de paumés, de cramés, de caïds, de macs, d'animaux sauvages et de toutes les histoires extraordinaires qui vont avec.
Parmi eux, Henri, comptable à la retraite, qui a perdu sa moitié puis un orteil pour cause de diabète. Son quotidien ressemble à un long fleuve tranquille, jusqu'au jour où sa voisine Clara disparaît des radars.
Soulaymane, recouvreur de dettes à la petite semaine, rêvait de devenir flic. Chercher cette fille, c'est ce qui lui manquait pour relancer son cœur au ralenti.
Brahim, enfin, boss du Nueve Cuatro. Son règne semble éternel, mais il commence à perdre la tête. Mettre sa ville à feu et à sang sera son dernier coup d'éclat.
Tous n'ont pas la démesure de vouloir imprimer l'histoire, pourtant, avec cette disparition, chacun va vivre sa grande épopée.
La Seine Saint Denis parle à pas mal de monde. Encore plus si on claque les deux chiffres du département, le 93. C’est un peu la même chose pour le Val de Marne qui est quand même plus connu comme 94.
Moi j’habite le trois trois !? ok... La Gironde.
À ma connaissance, ces deux départements sont les seuls que l’on désigne par leurs numéros. Quand les numéros prennent le dessus, niveau identification, c’est rarement bon signe.
Nicolas Laquerrière est scénariste, il a cosigné la série Validé. Il est du 94. Le Val de Marne devient le terrain de jeu d’une épopée où Don Quichotte a le diabète, un orteil en moins et l’absence de sa jeune voisine le hante, Sancho Panza a le toquant aléatoire (il peut s’arrêter de battre à tout moment) et une empathie encombrante.
Nueve Cuatro est de ces livres qui clivent. Certaines apprécieront le style punchy, d’autres déploreront ce parloyer un brin forcé des Quartiers (les majuscules, comme les numéros, craignent parfois). Je ne suis pas un spécialiste des banlieues, je me fie bien volontiers à Nicolas Laquerrière. Je me fous un peu de la valeur sociologique intrinsèque de Nueve Cuatro même si je subodore qu’elle n’est pas absente. Moi, je me suis bien marré.
L’association d’un vieil aigri et d’un jeune qui cherche sa voie est aussi innovante qu’un chevalier Jedi bougon et son jeune padawan impétueux. À ceci près que le 94 repose sur des codes, des lignes à suivre, à ne pas franchir, et le cadet les connait bien mieux que son aîné. L’enquête proprement dite s’efface vite derrière la mécanique du duo, la découverte d’une cosmologie de béton...
Marchant sur les brisées d’un Jacky Schwartzmann et son Demain c’est loin, Nueve Cuatro ne révolutionnera en rien la littérature. Nicolas Laquerriere n’est pas en mode Pléiade, le papier bible ce n’est pas pour un demain qui est au-delà du loin.
Mais l’essentiel est là : le plaisir. Le reste ? Ma foi... On s’en balek tient !
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