mercredi 27 avril 2022


Traduction : Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier

« Personne ici ne connaît rien aux crues et aux rivières (…) La rivière ne les laissera pas faire (…) cette ville appartient à la rivière. »

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Tandis que la ville se remet à peine d’une crue dévastatrice, le chantier d’une digue censée la protéger charrie son lot de conséquences : main d’œuvre incontrôlable, courants capricieux, disparitions inquiétantes. 

Pendant ce temps, dans le clan Caskey, Mary-Love, la matriarche, voit ses machinations se heurter à celles d’Elinor, son étrange belle-fille, mais la lutte ne fait que commencer. Manigances, alliances contre-nature, sacrifices, tout est permis. 

À Perdido, les mutations seront profondes, et les conséquences, irréversibles.

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La jubilation est un de ces termes fourre-tout qui lance une tendance haussière de l’horripilation due aux récurrences de vocabulaire. Non le dernier ouvrage de machin n’est pas nécessairement ju-bi-la-toi-re (cela fonctionne à plein si l’on prend soin de bien distinguer les syllabes).

C’est ballot cette préemption d’un qualificatif, cette discréditation pour usage abusif, alors qu’il conviendrait parfaitement pour décrire la lecture du second tome du feuilleton romanesque de Michael McDowell.

Monsieur Toussaint Louverture a eu l’indéniable flair de sortir la saga Blackwater en français. Cet immense succès populaire aux Etats-Unis est enfin disponible dans l’hexagone. Bénéficiant d’une traduction et d’un travail éditorial impeccables (la beauté de ces livres...), les six tomes de Blackwater s’échelonnent d’avril à juin, respectant par là même le rythme de la parution initiale.

Blackwater, c’est un peu Stephen King qui percute Faulkner avec un soupçon de soap déviant, un Dynastie sur Dallas féminin et pervers... Après un premier tome qui posait les personnages, McDowell continue à tisser sa toile. L’affrontement de deux volontés inflexibles, la matriarche et sa bru, deux âmes trempées dans un métal froid et inflexible, est toujours le cœur de la saga.

Elinor jusque-là impériale tremble ici pour la première fois, une digue pour canaliser les rivières est envisagée. Elinor, créature de ces flots bouillonnants, indomptés, refuse la domestication des eaux qui signifierait la sienne. Et sa propre fin.

C’est une drogue dure Blackwater. Légale et sans danger. À l’exception peut-être d’une vie sociale s’amenuisant, se limitant à des grognements dans une conversation à sens unique, plongés que nous sommes dans cette épopée gothique, fantastique, familiale. 

Et merdum à la fin... Osons-le. Lire Blackwater est l’assurance d’un shoot de ju-bi-la-toi-re direct dans les rétines !

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