Traduction : Céline Leroy
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Lorsque Irwin Semple sort de l'asile psychiatrique de Cannon après dix-huit ans d'internement, il a trente-cinq ans, doit refaire - ou plutôt commencer - sa vie, la tête pleine de souvenirs adolescents encore à vif.
À force de persévérance, il parvient vaille que vaille à se réinsérer, jusqu'au jour où il croise Harold Hunt, ancien leader d'un clan qu'il rêvait d'intégrer au lycée. Irrémédiablement associée au tragique événement qui a conduit à son internement, la vision de Harold déclenche un nouveau choc chez Semple.
Partagé entre son éternel besoin de reconnaissance et un certain désir de vengeance, va-t-il parvenir à passer outre et aller de l'avant ?
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Une lecture dense, ramassée, aussi gaie qu’un nid de frelons dans une bourrasque.
Clair-obscur est désespérant, d’une noirceur à faire passer le goudron pour une mélasse sucrée gris-pâle, Carpenter en tire un bouquin sombre et bouleversant.
Débutant par la présentation de son héros Irwin Semple, d’une laideur spectaculaire, inadapté social en des temps lycéens d’une cruauté absurde. Profondément américain par ce séquençage impitoyable de la mystique lycéenne US, Carpenter touche à l’universel en montrant l’impunité des brutes pourvu qu’elles aient le bon entregent. Il est bien plus aisé d’écarter les déviants, les hors-normes.
Irwin Semple va en faire les frais : interné dix-huit ans à la suite d’une tragédie qui se dévoile patiemment.
La description de Semple et de son entourage est d’une maestria rare. Le visage chaotique de Semple est l’occasion d’un recensement minutieux d’accidents de parcours, acné galopante et un nez qui n’a rien d’une péninsule conquérante. C’est réellement impressionnant à lire, on ne fait plus trop ce genre de portrait intraitable.
Enfin, Carpenter aligne sa plume et peint également les tourments intérieurs de Semple, sa soif de normalité qui va se heurter au retour du passé, celui que l’on croit fuir, que l’on peut, à moins d’une déveine poisseuse. En fait, Carpenter oscille entre un naturalisme froid et une empathie sincère envers les perdants, sans doute que malgré son succès d’auteur reconnu, il se voyait comme tel...
Admirable roman, excellement traduit, je regrette juste ce titre un peu terne. Je préfère Blade of light, le titre original, que l’on peut traduire par lame de lumière. Même au fond du trou, on peut espérer capter un rai de lumière. C’est tout ce qu’on aura...
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