lundi 7 mars 2022


26 octobre 1970. On va assister à ce qui sera sans doute le plus long ring walk de l'histoire de la boxe. Mohamed Ali attend dans son vestiaire depuis plus de trois ans. Son vestiaire aura même été pendant quelques temps une cellule de prison.
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Octobre 1970. Atlanta. Deux cents gangsters noirs venus de Harlem, de Chicago et d’ailleurs sont entassés nus et en vie dans une cave dans la banlieue d’Atlanta. 

Ils ont assisté à un événement sportif d’une portée mondiale : le retour de Mohamed Ali sur le ring face à Jerry Quarry. On leur a offert des invitations pour une grande soirée de paris illégaux. Puis on les a braqués et maintenant ils vont devoir regagner leur hôtel à 4h du matin. 

Ils sont de très mauvaise humeur. Qui a organisé cette opération ? Que faisait là Chicken Man, qui distribuait les invitations autour du ring ? Et J.D. Hudson, premier flic noir d’Atlanta, qui était chargé de la sécurité d’Ali ?

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Je veux dire, je ne suis pas folle. Je n’entends pas de voix, je n’ai pas d’hallucinations. Je ne veux pas coucher avec mon père ni rien de tout ça. Je suis sûre qu’il y a beaucoup de gens plus dérangés que moi.

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1965, Londres. Élevée dans une famille bourgeoise, Veronica est une jeune femme brillante, à l’avenir prometteur. Aussi son suicide surprend-il son entourage. À commencer par sa jeune sœur, pour qui l’incompréhension est totale. 

Jusqu’au jour où elle découvre le cas de « Dorothy » dans le livre d’un célèbre psychothérapeute, Collins Braithwaite. Et y reconnaît, sans doute possible, la vie de Veronica. Pour en savoir plus, elle décide d’entamer une thérapie auprès de Braithwaite, sous une fausse identité : Rebecca Smyth. 

S’engage alors entre elle et le thérapeute un jeu aussi pervers que passionnant, à l’issue incertaine.

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Bien est un adjectif ambigu. Il semble déprécier l’objet de son attention alors qu’il est censé le supporter. Ainsi le « Oui, c’est bien » ou pire le « j’aime bien » parait retrancher et déprécier en simulant un soutien. Sournois...

J’aime bien pourtant 200 noirs nus dans une cave. J’aime surtout ce portrait à charge de Mohammed Ali. Il faut dire que j’ai du mal avec les grandes gueules. Evidemment Ali est un personnage plus grand que son sport et l’emblème un brin encombrant des combats de son époque. 

Mais ce qu’Ali a bavé sur Joe Frazier est proprement répugnant. Ali boxait autant avec ses paroles qu’avec ses poings. Il s’employait à détruire psychologiquement ses adversaires pour les « amollir » avant le ring. Cela n’a pas trop marché avec Frazier, pourtant qualifié d’Oncle Tom, la pire insulte possible. Cette opposition hante ce court récit, à la manière de l’opposition Stones/Beatles, fais ton choix camarade...

Je suis plus dubitatif sur le fait-divers qui donne son titre au livre, presque expédié. Robert-Nicoud est moins bon quand il quitte les gants...

Une patiente de Graeme Macrae Burnet, c’est bien. C’est même excellent jusqu’aux dernières pages. Impeccablement traduit par Julie Sibony. Si vous me pardonnez une anecdote personnelle : une lectrice de la librairie où j’officie me demandait si je pouvais lui expliquer la fin de ce roman. Il n’y a rien à expliquer. La fin n’est pas obscure. Ce n’est pas Le maître du haut-château. 

Néanmoins je comprends son propos. Si les fins ouvertes ne m’ont jamais gêné, elles sont plus problématiques dans le domaine du polar psychologique. Mais ce n’est pas rédhibitoire non plus. Ce n’est pas que la fin est ouverte, ni même entrebâillée, elle est juste... Incomplète.

C’est d’autant plus dommage qu’en matière de face à face tendu et malsain, ce duo thérapeute gourou à l’égo plus large qu’une table en marbre du Kremlin et patiente cintrée jouant la névrose, un peu trop parfaitement, se pose carrément !

Alors quoi ? Cette sensation que des pages manquent, qu’un vide s’est niché dans ce livre qui m’empêche de le savourer complètement comme une pincée de poivre inexistante sur à peu près tout. 

J’aime bien ces deux livres. 

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