samedi 1 janvier 2022

 


Neuvième lecture PMP 2022

« C’était comme si tous les évènements étaient liés, que la moindre décision pouvait se répercuter et fini par les entraîner, tous, vers le chaos. »

Détenu en quartier d'isolement depuis trop longtemps, François Legal s'apprête à prendre la plus grande décision de sa vie : trahir les siens. Il n'a plus l'âge de courir après le fric facile et rêve d'une retraite paisible aux côtés de Diane, qui l'attend dehors. 

Tant pis pour l'honneur : il va devenir indic. Mais la spirale du grand banditisme, les ravages de la vengeance et une affaire d'enlèvement d'enfant vont venir saccager ses espoirs.

De son côté, la jeune flic Coline Lafleur a tout à prouver dans la brigade parisienne où elle vient d'arriver. Et ce Legal, elle ne le sent pas, depuis le début. 

Le prix à payer sera cher pour aller au bout de leur enquête et parvenir, peut-être, à ramener un peu d'ordre et de justice dans ces vies furieuses.

Participer à un jury littéraire est une belle aventure. Elle influe sur mon processus de lecture, le chamboule quelque peu. Les livres sélectionné se trouvent imbriqués dans une chaîne où chaque maillon se mesure à l’aune des autres. Les livres du Prix Meilleur Polar Points 2022 sont ainsi engagés en une course où une hiérarchie se profile par nécessité.

En vérité, ce n’est pas la partie que je préfère : distinguer une œuvre au détriment des autres. En revanche, la découverte, lire des romans que je n’aurais pas ne serait-ce que feuilleter sans l’incitation du PMP, c’est inestimable.

J’ai pris mon temps pour chroniquer Après le jour, je voulais lui trouver une juste place dans les 10 polars qui se partagent un couloir. J’aime bien ce livre. Il n’est pas parfait, il n’est pas ce que je préfère dans le polar mais je l’apprécie avec une pincée de tendresse. La même que Molmy réserve à ses personnages épuisés, à la frontière de la brisure.

Christophe Molmy fut le chef de la BRI, il est aujourd’hui à la tête de la Brigade de protection des mineurs de Paris. C’est un flic, un vrai. Les dialogues, les routines policières, les procédures respirent le réel. Je ne suis pas un affamé de réalisme en littérature policière, que le roman m’empoigne et une omission de bornage téléphonique m’indiffère autant qu’une rodomontade d’Éric Ciotti.

Néanmoins, ce côté Olivier Marchal de la plume, cet esprit de corps de la maréchaussée transpire avec sincérité. Mais ce qui m’a convaincu, ce sont les interstices de Molmy qu’il insère dans cette histoire de flic et voyous se tenant par les baballes (et la lumière viendra d’une jeune recrue), cette valse hésitante entre le flic et son indic, son tonton.  C’est cette vision d’arbres aperçus par un détenu fraichement libéré qui lui donne la plus juste mesure d’une liberté intimidante. Cette attention et bienveillance envers ses avatars de cellulose qu’il malmène sans perdre de vue leur humaine condition.

J’aime ce livre. Presque malgré moi.

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