Traduction : Marina Heide
Au mitan des années 2000, l’expédition UR envoie une trentaine de colons à des années-lumière de la Terre. Les pionniers s’installent sur la planète Home, où la présence d’eau semble pouvoir leur garantir des conditions de vie acceptables mais précaires.
L’arrivée, une centaine d’années plus tard, d’un vaisseau contenant lui aussi des humains va soulever de nombreuses questions au sein de la petite communauté.
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L’acclimatation. C’est un des sujets les plus forts et répandus de la littérature de l’imaginaire. Comment hommes et femmes vont s’acclimater à une nouvelle planète. On ne compte plus les voyages intersidéraux déposant leur cargaison de colons sur un nouvel astre.
Pourtant, il va bien falloir compter avec cet Oiseau. Oiseau est l’exemple même d’une SF contemplative, baignant dans une étrangeté cotonneuse, admirablement rendue par une écriture blanche, sans effets, étrangement belle et poétique.
Quand un corps expéditionnaire pose le pied sur ces nouveaux rivages, il est loin d’imaginer la violence sourde qu’ils renferment. J’utilise les mots « sourde » et « renferment » à dessein. Home, comme est bientôt surnommée ce nouveau foyer, ne laisse filtrer aucun bruit, rien, pas un foutu son. Cela crée un cocon qui n’a rien de douillet, un enfermement pesant, corrodant. Les habitantes de ce non-eden communiquent par écrit via des écrans portatifs. Home, si elle n’est pas d’une violence immédiate, ronge les nerfs et les bonnes volontés.
Nous suivons deux voix, celle de Heidrun, l’une des primo arrivantes, qui fera le choix d’une radicalité effrayante mais qui découle d’une certaine logique. Puis, un siècle plus tard, les descendants de la première colonie, qui survivent tant bien que mal et qui voit atterrir une nouvelle nef venue de la Terre.
Cette venue est-elle porteuse d’espoir ? Les comportements humains dans ce qu’ils ont de pire sauront-ils encore trouver leur chemin ? La survie importe-t-elle plus que tout ?
À ces questions étourdissantes, Oiseau apporte, non pas des réponses, mais des possibilités. Car de réponses, Oiseau ne regorge pas. Si vous êtes adeptes de fin carrées, qui ferment soigneusement toutes les portes qui s’ouvrent, Oiseau sera source de frustrations.
Je crois fermement que les romans de l’imaginaire acclimatent (on y revient) notre cerveau aux possibles, ceux qui subliment notre propension à combler les blancs, qui font tourner à plein notre machine à rêves logée dans nos synapses. Oiseau est un superbe facteur d’acclimatation !
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