Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le
feu, du détergent.
Molly se les récite souvent. Quand elle s'ennuie, elle se surprend à les répéter sans l'avoir voulu... Et si elle ignore d'où lui vient cette terrible affliction, elle n'en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang.
***
La collection Une Heure Lumière chez l’excellente maison Le Bélial déclenche une certaine perplexité. Face aux livres alignés sur l’étagère, comme une armée où l’imaginaire tient lieu de munitions et la qualité éditoriale de traité de paix, quel ouvrage chroniquer ? Ces fantassins faussement sages, ces soldats de cellulose se livrent une compétition acharnée et en distinguer un par apport aux autres sur le degré d’émerveillement qu’il diffuse une fois ouvert s’avère ardu.
Opter pour l’émotion alors.
Molly Southbourne est une enfant marquée. Une femme maudite, accablée d’une malédiction dont je ne dirais rien pour ne pas déflorer. Le premier volume baigne en une étrangeté discordante, une tension sourde, qui courent le long des chapitres. Et quand le voile se défait et tombe au sol, la révélation s’accompagne d’une tragédie cruelle.
Tade Thompson, auteur de la remarquable trilogie Rosewater, donne vie à une héroïne saisissante, qui, portée par une écriture, précise et belle, riche et empathique, va faire le pari insensé de contourner les Règles.
Le deuxième tome démarre là où s’achève le premier. Le style plus nerveux se met au diapason d’une intrigue plus tournée vers l’action au point que l’on peut craindre le Bourne ne l’emporte sur le south. Craintes vite levées. Les interstices déchirants et cauchemardesques de James, ces entretiens vidéo face à l’écran, on les voit, on ne les lit pas. L’action bondissante se justifie pleinement et ne ressort pas d’un remplissage d’un vide qui n’existe pas.
La trajectoire de Molly Southbourne, son odyssée, se lit, se dévore, en quelques heures, la collection porte bien son nom. Et la lumière se fait quelque peu à la fin du trajet. Un pari encore : une malédiction n’a pas toujours vocation à en être une, elle n’est peut-être (peut-être) qu’une prophétie auto-réalisatrice qui a mal tournée.
Remarquable !
0 commentaires :
Enregistrer un commentaire