Traduction : Albert Bensoussan et Daniel Lefort
Temps sauvages nous raconte un épisode-clé de la guerre froide : le coup d’État militaire organisé par les États-Unis au Guatemala en 1954, pour écarter du pouvoir le président légitime Jacobo Árbenz.
Ce nouveau roman constitue également une sorte de coda à La fête au Bouc (Gallimard, 2002). Car derrière les faits tragiques qui se déroulent dans la petite République centroaméricaine, le lecteur ne manquera pas de découvrir l’influence de la CIA et de l’United Fruit, mais aussi du ténébreux dictateur de la République dominicaine, Trujillo, et de son homme de main : Johnny Abbes García.
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L’engagement c’est hasardeux. C’est comme la distraction pour le lanceur de boomerang, une source de dangers. Si on n’y prend garde, il revient nous assener un vigoureux frontal.
Lors du dernier livre de Mario Vargas Llosa, le président légitimement élu du Guatemala, Jacaobo Arbenz se défend d’être communiste face au nouvel ambassadeur des Etats-Unis. Arbenz veut la justice sociale et essaye d’aligner les arguments légitimes dont un implacable : une société œuvrant au Guatemala doit y payer des impôts.
Rien de plus normal. Et d’apprendre que Vargas Llosa pratique l’évasion fiscale au Panama. Vlan le boomerang. Oh pas d’alarme... Cela offusquera quelques nanosecondes entre le dernier scandale du télécrochet à la mode et le futur glapissement de Hanouna. Mais que dans son livre Vargas Llosa prêche une juste redistribution quand lui planque son fric dans des paradis fiscaux, c’est... J’allais dire cocasse mais c’est juste triste, tellement en phase avec l’époque où les donneurs de leçons ne se privent jamais de la donner ni de se l’appliquer.
Est-ce cette lassitude qui guide ma réévaluation de cette lecture ? Sans doute. Vargas Llosa fait un peu la même chose que John Le Carré avec son Héritage des espions où John revenait sur son ouvrage le plus fameux L’espion qui venait du froid. Vargas Llosa revisite, par la bande, sa fameuse Fête au bouc. Mais si nous reconnaissons immédiatement le style ample et souple de Le Carré, je serais bien en peine de décrire celui de Vargas Llosa sur ce livre. Factuel et quelque peu anonyme.
Quant à la redoutable machine narrative, elle se résume en un montage kaléidoscopique des évènements qui se choquent dans une frise a-chronologique, ils se succèdent dans une temporalité heurtée censée apporter une nervosité au livre et qui se réduit, à la longue, à une recette facile, une fausse audace qui masque une plume un poil terne
J’ai carrément changé mon fusil d’épaule et n’en ai pas atténué le recul. On ne devrait pas écrire un post sous le coup de la lassitude. Peut-être.
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