Traduction : Benoît Domis
En choisissant ses nouveaux maîtres, Andrea Cort a été bien récompensée : elle est devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap. Enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques, elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements.
Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhines, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent.
A peine arrivée au port orbital, des assassins tente de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Piégée dans un ascenseur spatial, Andrea va devoir mener l’enquête la plus périlleuse de sa carrière.
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Certains personnages sont plus grands que les livres qui les abritent. Prenons Sherlock Holmes, je considère que Holmes est meilleur que les enquêtes qu’il résout. Franchement, Le chien des Baskerville...
Toutes proportions gardées, il en est un peu de même avec ce deuxième volume des enquêtes de Andrea Cort. Nous retrouvons notre irascible Procureure extraordinaire, avec son cerveau de formule-un boostée à l’azote liquide, parée désormais de deux êtres exceptionnels, une seule conscience se logeant dans deux corps, les Porrinyard.
L’intrigue policière proprement dite, un huis-clos où le meurtrier ou tueuse est toujours sur place n’est pas d’une folle originalité. Ce n’est pas bien grave car le seul mystère qui vaille est celui qui entoure Andrea Cort. Cette femme, rare survivante d’un massacre inexpliquée, qui tua dans un accès de folie à l’âge de huit ans, honnie par une partie de la galaxie, est le diamant brut et noir de ce deuxième tome d’une trilogie.
La surprise n’est plus là, ni la découverte de races extraterrestres inconnues avec ce que cela induit de déroutant et d’incompréhensible. Nous sommes ici en terrain plus connu, voire rebattu : un variant (soyons moderne) d’un Meurtre sur le Nil dans l’espace. Une dénonciation convenue des méchants marchands d’armes capitalistes et une résolution un brin décevante.
Mais, et là est l’essentiel, Castro affine et peaufine Andrea Cort, et dans ce domaine, je n’ai pas été déçu. Voir Cort en action, sa façon de relever chaque détail, un sourcil levé, une inflexion incertaine, une parole à priori anodine, la voir relier les points et mater l’entropie... C’est toujours autant réjouissant.
Ajoutons à cela un monde que Castro amplifie sans en déliter la cohérence, avec des trouvailles saisissantes comme les Porrinyard ou terrifiantes comme le système mercantile (Andrea Cort se meut dans un univers politique avant tout), on ne peut que constater que Castro réussit la passe de deux. Nous avons hâte de retrouver Andrea Cort. Vivement !
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