mardi 11 janvier 2022


Traduction : Fabrice Pointeau

Qu’est-ce qui se passerait si nous faisions un tour hors des limites ? 

1958. Un cirque ambulant, avec son lot de freaks, d'attractions et de bizarreries, vient de planter son chapiteau dans la petite ville de Seneca Falls, au Kansas. Sous les regards émerveillés des enfants et des adultes, la troupe déploie un spectacle fait d'enchantements et d'illusions. 

Mais l'atmosphère magique est troublée par une découverte macabre : sous le carrousel gît le corps d'un inconnu, présentant d'étranges tatouages.

Dépêché sur les lieux, l'agent spécial Michael Travis se heurte à une énigme qui tient en échec ses talents d'enquêteur. Les membres du cirque, dirigés par le mystérieux Edgar Doyle, ne sont guère enclins à livrer leurs secrets. On parle de magie, de conspiration. 

Mais l'affaire va bientôt prendre un tour tout à fait inattendu.

***

Est-il arrivé à Elizabeth Georges et RJ Ellory de se croiser lors de festivals littéraires ? Elle, née en Ohio, écrivant les enquêtes d’un Inspecteur Linley, aristocrate anglais, de ceux qui sont derrière les avirons. Lui né à Birmingham, et se coltinant la mythologie américaine, l’embrassant dans toute sa variété, livre après livre.

RJ Ellory est anglais. J’aurais dû m’en douter. Le croisant souvent dans les salons livresques hexagonaux, j’aurais pu supputer que cela faisait un long trajet : traverser un océan. Je ne l’ai appris que dernièrement. Je venais d’entamer Le carnaval des ombres, et à tout hasard... Cherchant dans ma PAL, ce qui pourrait alimenter #lemoisanglais de mon shérif préféré @_lamousme_  

RJ Ellory est anglais mais il écrit sur les USA. Je notais il y a peu que James Lee Burke creuse le même sillon à en trouver du pétrole, RJ lui est plus empreinte de pas légère sur tous les sentiers. Il aborde tous les genres, se frottant aux mythes fondateurs. La mafia, les tueurs en séries, le roman noir (le très grand Seul le silence, qu’il faudra bien que je chronique un jour).

Dans ce livre, les freaks, les fêtes foraines itinérantes, dans la poussière poudreuse des routes de campagne des USA des années 50, et ses monstres de foire.

Freaks de Tod Browning est l’un de mes films préférés. Si le livre de Ellory n’en atteint pas la noirceur et la densité, il s’en approche. Mâtiné d’un fantastique à la King, RJ Ellory évite encore la redite en nous fourrant dans les pognes un page-turner haletant.

Traversé de quelques fulgurances, Le carnaval des ombres délivre également son lot d’incohérence, vite emportées dans une investigation frénétique. Ce livre est également une ode aux parias que Ellory oppose un brin mécaniquement aux méchants G-Men du FBI et leur costumes cintrés. Quelque part entre la série (injustement oubliée) Carnivale de HBO et l’auto-référence (on songe à Seul le silence dans les premières pages, celles de l’enfance du héros), Le carnaval des ombres raconte, avec un métier certain, comment on les chasse. Good job !

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