Dans la petite ville de Willnot, des corps ont été découverts dans une ancienne carrière. Qui les a enterrés là ?
Le shérif Hobbes fait part de sa perplexité à Lamar, le médecin du coin qui voit défiler toutes sortes de gens dans son dispensaire. Un jour, ce dernier a la visite surprise de Bobby Lowndes, un vétéran d’Irak originaire de la ville, qui était porté disparu. La réapparition de Bobby est-elle liée à ces cadavres ?
Une agente du FBI arrive et repart sans dévoiler grand-chose. De toute évidence, des mystères planent sur Willnot mais il n’est pas sûr qu’ils puissent vraiment être éclaircis, car la vie garde toujours sa part d’ombre.
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L’époque est rude ou c’est moi ? Ces temps me désespèrent et je ne convoque pas là la nostalgie de temps anciens fantasmés ou tout était plus pur : l’air, la discipline, la patrie, le sang. Cette nostalgie rance qui me désespère, cette croyance qu’avant c’était le bon temps. Que vivre à la Cour de Louis XIV c’est classe, on en reparle quand tu devras aller chez le dentiste, ok ?
La bonne nouvelle est que l’on peut lutter contre la désespérance. On peut se réconcilier avec le genre humain. On bazarde la télé et on écoute en boucle le solo de saxo à la fin de Jungleland de Bruce Springsteen. C’est un exemple. On peut aussi lire James Sallis.
James est un conteur. Un écrivain de roman noir. Il ne verse pas dans l’édulcorant. Mais il ne plonge pas non plus dans une obscurité sans issue. Sallis est dans un entre-deux. Il nous montre le cormoran mazouté, un crève-cœur, il s’insurge contre les nappes s’échappant du tanker éventré mais il n’oublie pas non plus celle qui rince les plumes, celui qui se bat contre le pétrole. Voyez ..?
Son Willnot tient tout entier dans cet équilibre. Peinture fine et subtile d’une ville moyenne des Etats-Unis, ce roman comble nos paupières de ce qu’il y a de pire et meilleurs dans cette humanité fragile, de ce combat incessant entre nos penchants : « Il y a une crapule en chacun de nous, une crapule contre laquelle nous devons nous battre. »
L’intérêt de ce joyau réside dans cette galerie de portraits, ces destins qui se percutent, on déambule plus qu’on ne lit. On habite Willnot plus qu’on ne tourne les pages. Sallis rend immédiatement sensible les êtres de cellulose qui défilent au cabinet du docteur Lamar, arpentent les rues de Willnot, sirotent des cafés, immédiatement incarnés par cette plume empathique, d’une générosité vacillante, la bonté ce n’est pas une faiblesse.
Notre époque est la seule qui nous sera donnée de vivre et elle en vaut parfois la peine. C’est ce que j’ai ressenti à la lecture de Willnot. Il m’arrive d’être d’accord avec cette assertion.
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